Kouto, une si petite ville mais un panier à crabes dans le domaine politique.
Souvent quand j’écoute les hommes politiques parler, je me dis je n’ai pas eu tort de me mettre à équidistance des partis politiques de ce pays et d’avoir la critique juste quand je parle des faits politiques.
J’ai fait mes études à Kouto et depuis 1992 je suis l’évolution politique de cette ville ivoirienne depuis 1992.
Et je conviens qu’y faire la politique c’est comme plonger sa main dans un panier à crabes.
Et cela ne date pas d’aujourd’hui. C’est bien depuis la gouvernance politique de Félix Houphouët-Boigny qu’il y a un phénomène dans cette ville.
Le premier c’est une rivalité nulle pareille dans cette ville. Le second phénomène naît avec la création des conseils régionaux. Donc deux situations cocasses dans cette petite ville et ses environs.
La première situation est qu’elle est tiraillée entre les Dembélé (Malinké) et les Sénoufo (fondateur) de cette ville.
La montée en puissance des Dembélé en politique suite à la promotion de leurs cadres sous Félix Houphouët-Boigny et les régimes successifs a fait que le pouvoir politique était détenu par les Dembélé (Malinké) de cette ville. Les Sénoufo eux attendaient patiemment qu’un des leurs émerge pour en faire un leader politique de premier plan.
A l’avènement de Ouattara au pouvoir, Koné Bruno qui était un cadre dans une unité industrielle de production de Soda à Korhogo devient Ministre.
Un homme politique créé de toute pièce par sa capacité d’apprendre très vite mais aussi par le soutien de certains cadres Sénoufo du RDR. La montée en puissance de Koné Bruno sur la scène politique offre au Sénoufo le contre-poids politique parfait qui non seulement pourra faire barrage aux Dembélé (Malinké) mais qui devrait amener les Sénoufo de cette localité à reprendre le pouvoir politique à leur compte. Une rivalité sous fond politique terrible.
Les différentes élections à Kouto sont très électriques, l’enjeu est de taille.
Si l’on ne manœuvre pas bien, le pouvoir politique peu échoir dans un camp au détriment de l’autre. Entre ces deux camps, tout compromis est voué à l’échec.
L’élection est un véritable duel entre deux camps que tout oppose. Mais cette élection des départementaux ne faisait pas référence à cette guéguerre entre les Dembélé (Malinké) et les Sénoufo. Non.
Elle s’enracinait dans l’avenir du Conseil Régional et dans une rivalité à mort entre deux blocs : le bloc de Kouto-Tengrela opposé au bloc de Boundiali -Gbon-« Kolia » où l’honorable Touré Alpha Yaya est un élu.
Pour mieux comprendre ce qui se passe à Kouto au cours de cette élection, il faut remonter aux élections pour le contrôle du conseil régional où le camp Boundiali-Gbon-« Kolia » l’avait emporté sur le camp Kouto-Tengrela. Mais le choix des futurs candidats aux différentes élections de proximité ne se fera plus depuis Abidjan comme le souhaite la direction du RHDP.
Il faudra passer par des primaires et le corps électoral est en train d’être mis en place avec ces élections des délégués départementaux.
Alors, l’enjeu ici est grand c’est le contrôle de ce corps électoral avec l’élection de ses hommes pour qu’ils te soient redevables lorsqu’il s’agira des primaires (à la députation, aux municipales, aux régionales etc au sein du RHDP.
Là se trouve tout le problème, le contrôle du corps électoral.
Et là, Touré Alpha Yaya s’est lui-même planté le couteau dans le dos. Pourquoi?
Quand il s’agissait à l’époque du renouvellement des instances du parti donc du (RDR-RHDP),
Apha Yaya était au RACI. Il n’y avait pas pris part. Et avait regardé cet instrument politique local avec peu d’importance.
C’est bien cet instrument politique local qui déterminera son avenir politique plus tard.
Il gagne les élections législatives en partant comme candidat indépendant. A cette époque, il avait la reconnaissance du corps électoral de chez lui pour ses actions philanthropiques pendant la rébellion et post rébellion.
Mais il s’agit ici d’un corps électoral plus étendu et intégré dans une guerre fratricide entre Kouto-Tengrela et Boundiali-Gbon-« Kolia ».
Et les choses ne se présentent pas bien pour lui. L’échec du compromis afin qu’une liste unique soit présentée, conduite par le Ministre Koné Bruno allait sceller le sort de Touré Alpha Yaya. Qui ne voulait pas en tout point de vue de ces élections-là.
C’est bien son avenir politique qui est en jeu. Et il s’est donné pour qu’il n’y ait pas d’élection mais qui ont fini par avoir lieu.
Ne pas avoir ses hommes dans ces élections est un suicide et il le sait que quiconque.
Mais au-delà de lui, c’est voir le conseil régional échapper à l’axe Boundiali-Gbon-« Kolia ». Mais aussi, c’est assurer une éclatante victoire au Ministre Koné Bruno s’il est candidat au conseil régional.
Je pense qu’aujourd’hui que le ministre Koné Bruno veut être à la tête de cette structure de développement de proximité après plus d’une décennie passée dans les ministères. Rester ministre n’est plus un objectif à court terme pour lui.
Ce que nous avons vu hier n’est rien d’autre que la conséquence d’un choix : le contrôle du corps électoral avec, avoir une main mise sur les élections futures. Et là Touré Alpha Yaya partait perdant d’office. J’aime bien cette boutade de Laurent Gbagbo, qui aimait bien dire que celui qui a perdu les élections et celui-là même qui fait le plus de bruit.
(…)
La politique est une saine appréciation des choses du moment.
La transhumance politique a aussi un effet boomerang…
Dr Dognima COULIBALY,
Historien moderniste à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody