Les examens à grand tirage (Bepc, Bac, etc.) battent leur plein en ce moment en Côte d’Ivoire. Alors que beaucoup d’Ivoiriens saluent le calme qui règne autour de ces examens, le syndicat Union Démocratique
des enseignants du secondaire de Côte d’Ivoire (UDENSCI), lui ne semble pas satisfait des conditions qui sont celles des enseignants en cette période. Adjuwa.net a rencontré son Secrétaire général, Bogué Dadié Nicodème qui livre dans cette interview quelques griefs.
Que pensez-vous de l’organisation des examens de fin d’année ?
Le BEPC est en cours et le BAC est pour bientôt. Nous avons de plus en plus constaté qu’il y a un déficit de surveillants. Les enseignants sont de moins en moins intéressés par les surveillances à l’examen, par les interrogations et par les corrections. J’ai bien peur que d’ici deux ou trois, il n’y ait plus personne aux examens.
Selon vous, pourquoi les enseignants sont de moins en moins intéressés par les examens de fin d’année ?
Plusieurs raisons expliquent cela. Les surveillances ne sont pas payées. Il y a aussi les primes de correction qui sont payées en retard. Nous sommes allés, en mai, dans certaines villes à Mankono et à Soubré où les primes de correction n’étaient encore payées. Ce n’est pas normal pour des examens qui ont eu lieu en juin et nous l’avions décrié 2022.
Quelles solutions avez-vous proposé pour résoudre ce problème ?
Nous avons proposé l’intendance intégrée depuis 2001. Nous voulons que cela soit une réalité.
De quoi s’agit-il concrètement ?
Nous proposons que, dès que les examens commencent, l’intendance intégrée soit mise en place pour évaluer tous les actes d’examens qui doivent être payés. Cette intendance fera le point dès la fin des examens et des corrections au Trésor public de sorte que deux semaines après, le Trésor puisse commencer le paiement des primes. Mais depuis 2001, rien n’est fait.
Que pensez-vous du fait que des chefs d’établissement menacent des enseignants qui refusent de prendre part aux surveillances des examens vu que ceux-ci se déroulent hors de leur lieu de travail ?
L’organisation des examens revient à l’Etat de Côte d’Ivoire qui lui-même à travers le ministère choisit ses membres qui vont exécuter les différentes tâches. Le travail de l’enseignant commence le premier jour de la rentrée scolaire et prend fin avec les conseils de classe. La surveillance ne fait pas partie des tâches de l’enseignant. Je voudrais préciser que les enseignants qui ne veulent pas prendre part aux surveillances sont dans leurs droits. Figurez-vous qu’l y a des collèges de proximité et même des lycées qui ne sont pas des centres d’examen. Les enseignants qui sont dans ces collèges de proximités se déplacent sur 10 ou 15 km pour aller participer aux surveillances. Et c’est pareil pour les corrections. Et, c’est pour cette raison que nous demandons une petite prime d’intéressement ne serait-ce que pour leur permettre de boire de l’eau. Cela se fait au niveau de l’examen du BTS. La Côte d’Ivoire est en nette régression sur ce sujet. Les années en arrière, les professeurs qui se déplaçaient par exemple de Tiébissou à Yamoussoukro pour les corrections de fin d’année dormaient à l’Hôtel le Président gratuitement. Leur transport et leur nourriture étaient pris en compte. Mais aujourd’hui rien de tout ça. C’est vraiment aberrant. Quelqu’un qui est en mission pour le compte d’un ministère se prend lui-même en charge. Ce n’est qu’à l’Education nationale qu’on peut voir cette injustice. Ce sont des points qui font partie des revendications du corps enseignants.
Quelles sont les autres points à l’ordre du jour sur la table des négociations en rapport avec le secteur Education-formation ?
Nous avons parlé des différents actes. Nous demandons que le coût des copies soit rehaussé au double. Les copies du BEPC à 300 F et celles du BAC à 500 FCFA. Aussi, les enseignants n’ont pas d’encadrement financier dans tout ce qu’ils font. Par exemple, lorsqu’ils ont un séminaire de renforcement de capacités, c’est soit le chef d’établissement soit les enseignants qui assurent la nourriture aux encadreurs pédagogiques. En outre, il y a la question des postes déshérités. Il y a des enseignants qui sont dans des zones où il n’y a ni eau potable, ni internet. Il faut que cela soit compensé d’une manière ou d’une autre. Nous avons également demandé des primes trimestrielles de recherche et de documentation existe au Sénégal pour les enseignants. Nous avons aussi demandé que les nominations se fassent dans l’équité. Au Sénégal par exemple, les nominations se font avec le ministère, la coordination des Adjoints au chef d’établissements et les syndicats. En procédant ainsi, les plus anciens ne seront pas lésés vu que nous constatons que de plus en plus des gens sont nommés chefs d’établissement après avoir fait une année en tant qu’adjoints. Ils n’ont aucune notion de management et ils se comportent comme des colons. Cela entraine de véritables problèmes de gouvernance au sein des collèges et des lycées. Un bon enseignant n’est pas forcément un bon manager.
Interview réalisée par Adélaïde K.