A mesure qu’approche l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, le RHDP démontre qu’il n’a pas d’alternative au président Alassane Ouattara qui aura 83 ans à cette échéance. Aussi, les cadres et militants de ce parti multiplient-ils les cérémonies d’hommage qui sont autant de moyens de pression sur celui-ci afin qu’il accepte de se présenter à nouveau. De quoi se poser certaines questions.
Lorsqu’on lui demandait naguère s’il a des « héritiers » pour assurer sa succession, le président du RHDP, Alassane Ouattara, cumulativement, président de la République, avait laissé entendre qu’il en a une « demi-douzaine » sous la main. Et pourtant, alors que passe le temps et que pointe à l’horizon la Présidentielle 2025 censée fournir une formidable opportunité au mentor des Houphouétistes pour mettre en avant ses successeurs putatifs, d’autant que sa probable candidature semble crisper le climat politique, l’on réalise, non sans surprise, qu’il n’y a personne. Comme si la « demi-douzaine » annoncée s’était volatilisée. Puisqu’à aucun moment, le RHDP ne laisse entrevoir un Plan B à Ouattara au cas où celui-ci décidait de ne pas se porter candidat, pour une raison ou une autre. Comme ce fut le cas entre 2017 et 2020 avec feu Amadou Gon Coulibaly. Lui, avait été nommé premier ministre. Et avait eu le temps de mettre en place son dispositif, ses hommes. Mais, pour cette fois, rien. Inquiétant.
En tout état de cause, cette situation appelle deux observations. D’un, n’est-ce pas la preuve que le RHDP ne vaut que par Alassane Ouattara ? Aussi, faudrait-il craindre l’après-Ouattara qui risque de voir ce parti disparaitre de la scène politique faute de leader capable de fédérer toutes les énergies et les intelligences que compte cette formation. En apparence, ni Adama Bictogo, le président de l’Assemblée nationale et maire de la plus grande commune d’Abidjan, Yopougon, ni Cissé Bacongo, le gouverneur de la ville d’Abidjan, encore moins, Fidèle Sarassoro, le directeur de cabinet du président de la république et aussi Téné Birahima Ouattara, le frère cadet d’Alassane Ouattara et ministre de la défense, … personne ne veut se lancer. Ne parlons même pas de Gilbert Koné Kafana, le président du directoire du RHDP.
C’est aussi, de deux, la preuve que l’union affichée au RHDP n’est que de façade et qu’il y a, au sein du parti, des querelles sourdes qui n’attendent qu’une occasion pour éclater au grand jour ? Inquiétant.
Au final, on en vient à se demander : Ouattara a-t-il vraiment des héritiers ? Question à mille dollars. La réponse tombe sous le sens : le président du RHDP n’a pas d’héritiers au sens politique du terme. C’est-à-dire quelqu’un qui serait à même de conduire le RHDP avec la même autorité, la même légitimité, à défaut d’avoir la même personnalité et la même aura. C’est un portrait-robot qui ne correspond à aucun profil parmi ceux qui entourent le premier des Houphouétistes. Si aucun n’a de problème de légitimité, en revanche, tous les potentiels successeurs accusent un déficit de leadership qui pourrait être perçu comme un élément dirimant. A la différence du chef de l’Etat, personne ne fait donc l’unanimité. Surtout que, dans la maison des Houphouétistes, il y a deux groupes de membres. Les premiers qui viennent du RDR et qui se croient fondés à jouer les premiers rôles et les seconds qui viennent, pour la majorité, du PDCI-RDA et à qui semble avoir été fixé un plafond de verre qui a cependant été cassé par Achi Patrick et Beugré Mambé, transfuges du vieux parti, qui ont été promus à la fonction prestigieuse de Premier ministre jusque-là réservée à ceux qui sont issus du RDR ou apparentés. C’est une ligne de flottaison qui menace en filigrane la cohésion au sein du parti. Tout cela n’est pas de nature à rassurer dans la perspective de l’après-Ouattara envisagée avec beaucoup de crainte par de nombreux cadres et militants du parti présidentiel. Finalement, il faudra en convenir, la succession du mentor du RHDP est vue sous la forme d’un questionnement plus qu’elle ne rassure. Hélas !
Franck ETTIEN