Nous sommes dans la forêt sacrée de Niagbameko, un village situé à 02 kilomètres de Zikisso dans le département de Lakota. Ce vendredi matin, nous avons rendez-vous avec Goblé Légou, le « génie » de cette forêt sacrée.
A Zikisso où nous interviewons quelques personnes, on nous apprend que Goblé Légou est un parisien moisi. « Il était en France. Il a tout perdu et est revenu pour dire qu’il est le gardien de la forêt sacrée », lance l’air moqueur Moise Dago, la trentaine passé. Même son de cloche pour Aurelie Zéga. Pour Dakouri Robert, la soixantaine, « quand on a tout perdu, il faut le reconnaitre. Quitter la France et dire qu’on est gardien d’une forêt sacrée en vivant dans le dénuement total, c’est impensable ».
Lire aussi: Côte d’Ivoire-Zikisso : Zoom sur la forêt sacrée de Niagbaméko (partie 1)
Quand nous nous retrouvons devant Goblé Légou, le « génie » lui-même, il nous déclare ceci : « Il y a longtemps que je vous attendais. Les esprits de la forêt m’avaient dit en songe qu’ils enverraient un homme vers moi. A travers celui-ci, les gens prêteraient attention à la mission qu’ils m’ont confiée ». Il décide de nous nous faire découvrir la forêt sacrée. Mais avant, il précise : « On n’y va pas avec les chaussures, les bijoux l’argent à l’entrée, vous devrez vous débarrasser de tout ça ». Mais pourquoi ? rétorquai-je. Il coupe court avec ses yeux qui s’illuminent. « Parce que c’est un lieu sacré, la résidence de Dieu ». La résidence de Dieu ? Lui demandais-je. « Oui, oui je le confirme. C’est la résidence de Dieu. Dieu n’est pas au ciel. Il réside ici. C’est un lieu saint, un lieu d’où provient la lumière, l’Energie car Dieu est énergie ». L’homme à qui l’on pourrait donne 70 ans et qui marchait difficilement, dès le départ, a retrouvé la vigueur. Trêve de bavardage. Allons découvrir la résidence, me dis-je intérieurement. Mais une question me trottine. Faut-il attendre, la poser ? Je décide d’attendre.
Lorsque nous arrivons à l’entrée de la forêt sacrée, il me dit : « Ôte- tes chaussures bac argent et dépose-les sur ce tronc d’arbre. Nous sommes à l’entrée de la résidence de Dieu. Ici (Il me montre deux gros rochers) c’est l’entrée ». Là, deux autres gros rochers à l’intérieur desquels se trouve un trou béant. Il poursuit : « Ici, c’est la sortie ». Entre ces rochers, des gigantesques arbres aux contreforts robustes. Des chants d’oiseaux se font persistants. Un vent violent commence à agiter les branches des arbres. « N’aie pas peur. Je dois faire des incantations pour annoncer ton arrivée ». Il prend trois feuilles dans la main gauche, un œuf dans l’autre et commence à implorer son « Dieu ». Un peu de liqueur ensuite. La particularité de Goblé Legou, c’est un intellectuel. Il parle le français avec des tournures grammaticales correctes. Il se dit professeur. Après une dizaine de minutes d’incantation dans sa langue, le dida, il me dit : « Dieu me dit que c’est lui qui t’a fait venir ici pour qu’enfin les incrédules comprennent la mission qu’il m’a confiée. Installe-toi ici. Adosse à toi à ce rocher. Moi, je suis en face de toi. Mais ici, pas de photo, pas de camera ; tout peut être endommagé. On ne s’amuse pas avec notre Dieu de la forêt Djidjé Otekwole », me lance-t-il avec insistance. Je me place en face de lui. Goblé Légou, le génie de la forêt sacrée de Niagbameko peut enfin répondre à mes questions. A suivre…
Zagba Dodo, correspondant régional