Cinquième phase du dialogue politique. Cinq (5), le nombre de sujets à débattre. Tout a (RE)commencé le jeudi 20 janvier 2022. (RE)commencer parce que commencé le 16 décembre 2021, il avait été suspendu pour permettre aux parties de déposer leurs propositions de TDR (termes de référence). Vu que certaines n’avaient pas pu le faire dans le délai qui leur avait été imparti (sic !). Finalement, elles l’ont fait et tout a (RE)commencé ! Avec les cinq (5) thèmes suivants :
- Réforme de la Commission électorale indépendante (CEI)
- Réforme du code électoral
- Mesures pour apaiser l’environnement sociopolitique
- Réconciliation nationale
- Elaboration d’une nouvelle liste électorale.
Les protagonistes sont appelés à travailler sur ces différents sujets chaque jeudi pendant trois prochaines semaines.
(RE)commencer aussi parce qu’à la vue des sujets à débattre, la question seyante est : y aurait-il une nouvelle donne ? Ne serait-ce pas les mêmes thèmes débattus depuis la Primature d’Ahoussou Jeannot, Amadou Gon Coulibaly et même celle d’Hamed Bakayoko? Qu’est ce qui aura changé qui puisse permettre de croire que cette fois est la bonne. Y aurait-il vraiment problème ? J’ai l’impression que non ! Je crois même que non ! Si l’on s’attarde un tant soit peu sur les différents points ci-dessus évoqués, rien ne semblerait nouveau sous nos tropiques.
La réforme de la CEI est un sujet présent depuis toujours. Pour rappel, en mars 2019, le Premier Ministre Amadou Gon invitait tous les acteurs politiques à s’inscrire dans un dialogue constructif. Le locataire de la Primature de cette époque avait même soutenu que la question de la CEI est au cœur du processus électoral et doit être abordée avec lucidité, courage et sans passion. Malheureusement, cette énergie déployée par AGC est passée au compte des chants du cygne et n’a pu empêcher le pays de connaitre des violences avant, pendant et après la présidentielle d’octobre 2020.
La réforme du code électoral n’est non plus un sujet neuf. En mars 2020, Alassane Ouattara a promulgué la loi sur la révision constitutionnelle en pleine crise de covid 19. Les députés ne pouvant se réunir, le président de la République, avait procédé à la modification du Code électoral par voie d’ordonnance en prenant en compte les points d’accord de la deuxième phase du dialogue politique. Bien avant, cette question essentielle était une priorité dans l’agenda du premier Ministre Amadou Gon qui avait tout donné pour espérer une avancée notable. Là encore, les choses n’ont pas changé, ne serait-ce que pour honorer la mémoire de l’homme. Le miracle n’a pas eu lieu.
Les Mesures pour apaiser l’environnement sociopolitique et booster la réconciliation nationale sont les refrains les plus connus de ces dix dernières années. L’on se rappelle, que pour ses deux premiers mandats, les décisions visant un climat sociopolitique plus serein en Côte d’Ivoire n’ont pas manqué.
Ainsi, Du gouvernement Jeannot Ahoussou Kouadio à celui d’Hamed Bakayoko, en passant par ceux de Daniel Kablan Duncan et d’Amadou Gon Coulibaly, la réconciliation nationale et l’apaisement du climat socio politique ont toujours été des supposés points de dénouement définitif pour une meilleure Côte d’Ivoire débarrassée de ses vieux démons. Des organes spécialisés créés, des actions menées du côté du pouvoir. Que nenni ! Tous ces efforts n’ont été qu’un cheveu sur la soupe de réconciliation édulcorée de forte teinte d’hypocrisie de part et d’autre. Résultat : les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous sommes revenus à la case départ. Aujourd’hui encore ces questions reviennent sur l’agenda de Patrick Achi dans la reprise du dialogue politique avec l’opposition. Faut-il encore et aussi parler d’élaboration d’une nouvelle liste électorale.
Pour ma part, toutes ces questions à l’ordre du jour de la 5ème phase du dialogue politique ont déjà été passées au peigne fin avec les mêmes acteurs de part et d’autre. Sauf que chacun, rattrapé par son égo surdimensionné a cru bon de prêcher pour sa propre chapelle et non pour la réconciliation. Ne serait-il pas temps dans ce cas de changer de fusil d’épaule ? Chaque acteur ne devrait-il pas donner du sien en tenant compte des aspirations réelles des peuples que de s’accrocher à des menus fretins ? Il est temps, je le pense, que chacun joue sa partition dans le respect des règles de la démocratie. Que le pouvoir gère ! Et que l’opposition s’oppose, critique…mais, surtout propose !
Franck ETTIEN