Le tabac se classe parmi les six des huit principales causes de décès dans le monde. Il fait plus de huit millions de morts chaque année, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
En Côte d’Ivoire, le nombre de décès dû à ce fléau est estimé à plus de cinq mille (5000) à en croire le Ministère de la Santé. Pourtant, pour freiner cette épidémie, une batterie de mesures a été adoptée depuis la ratification par la Côte d’Ivoire de la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti-tabac (CCLAT) en 2010. Cette ratification a contraint les autorités ivoiriennes à prendre plusieurs textes de loi, notamment l’interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun en 2012 et la loi anti-tabac en 2019.
Malgré ces efforts du ministère de la Santé via le Programme National de Lutte contre le Tabagisme et les autres Addictions (PNLTA) la lutte piétine et l’industrie du tabac continue de se frotter les mains. La Société ivoirienne des tabacs (SITAB) filiale du Britannique Imperial Brands, a vendu 3,2 millions de tiges de cigarettes au premier semestre 2022, contre 2,9 millions à la même période en 2021, soit une hausse de 8,54%, indique un rapport de l’entreprise consulté et relayé par les ONGs de lutte anti-tabac ivoiriennes. Des chiffres que l’industrie du tabac compte consolider. Car, partout en Côte d’Ivoire, la vente de la tige de cigarette, parfois, à proximité des écoles, continue. En violation flagrante à la loi anti-tabac, les espaces chichas se multiplient dans les grandes villes ivoiriennes, la commercialisation des cigarettes électroniques et les produits nouveaux et émergents du tabac comme les snus (une poudre de tabac humide à sucer ou à chiquer, conditionné dans de petits sachets, Ndlr ) pilulent sur les réseaux sociaux et sont prisés par les plus jeunes, principalement, les élèves.
Le décor inquiète les acteurs de la société civile engagés dans la lutte. « L’accessibilité des produits aux plus jeunes est une véritable plaie qui gangrène la lutte. L’industrie en tire grandement profit. Car les industriels savent qu’augmenter les taxes sur ces produits permettra de décourager la consommation et de faire supporter les coûts du tabagisme aux fumeurs et à l’industrie du tabac.
Conscients que l’augmentation substantielle des taxes et des prix est la mesure la plus efficace pour lutter contre ce fléau, l’industrie du tabac via la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) actionnent ses leviers pour maintenir une taxation faible et cela en deçà de la norme minimale de 50% préconisée par les directives de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).
Cette ingérence des industriels du tabac plombe la lutte », déplore Bertin Mambo, Secrétaire général du Réseau des Communicateurs engagés dans la lutte contre le tabagisme en milieu Scolaire et Universitaire (RECLATSU). Avant d’ajouter: « La faible taxation des produits du tabac est l’un des maillons faibles de la lutte en Côte d’Ivoire ».
Franck EBI