Nous sommes à Katiola. Quartier Mangorosso. Ici, les maisons ne ressemblent pas aux autres maisons de Katiola. Elles sont faites d’argile. Cette matière première sert, non seulement, pour construire les maisons et leur donner une allure artistique, mais également pour la fabrication des pots. L’argile est donc au cœur de la vie du peuple mangoro.
La poterie, de mère en fille
Et ce matin, ce sont les potières de Katiola qui nous intéresse. La poterie est la principale, voire l’unique source de revenus pour ces dames de tout âge. Assise sous un hangar, ce vendredi du mois de septembre, Dame Coulibaly Adjaratou nous reçoit : «on retrouve les potières partout en Côte d’Ivoire. Mais ici à Katiola, c’est nous, les Mangoro, qui faisons cette activité. Et nous sommes initiées à cette activité depuis très petite. L’activité étant féminine, le savoir-faire se transmet d’une génération à une autre. Les filles y sont initiées dès le bas-âge », insiste-t-elle.
5 étapes pour fabriquer un pot
A la question de savoir comment sont fabriqués ces pots, elle poursuit : « Pour fabriquer les pots, il y a cinq phases. La première
c’est la recherche de l’argile. Une étape un peu complexe mais notre sol est argileux et cela nous facilite la tâche. Il faut ensuite la mouiller puis la pétrir jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène et très tendre. La suivante phase consiste à monter la pâte sur la roue et donner la forme souhaitée puis vient le séchage au soleil avant de terminer par la cuisson à feu vif ».
A Katiola, la majorité des femmes Mangorosso exercent cet art. Et les difficultés sont nombreuses. Coulibaly Maïmouna nous raconte quelques difficultés des femmes. « Durant les étapes, il y a des risques. Les pots peuvent se briser et ce sont des pertes ». Coulibaly Férima, elle explique que « pendant la campagne d’extraction de l’argile, nous nous rendons dans les grottes pour extraire cette matière précieuse. Nous devons la piler la tamiser pour en faire sortir une pâte. La pâte obtenue est utilisée pour fabriquer les pièces de poteries qui sont mises au soleil pour perdre l’eau qu’elle renferme ».
Un centre céramique qui date
Au centre Céramique de Katiola où nous nous rendons, nous sommes davantage édifiés par l’histoire du Centre. Il a été créé en 1957 par Léon Guigonnan, un fils de la région. Il avait, au départ, pour but de servir de lieu d’alphabétisation de la jeune fille non scolarisée de Katiola. Mais progressivement il s’est mué en un Centre de formation en céramique.
A Katiola, le métier de la poterie est exclusivement réservé aux femmes. L’art de la poterie Mangôrô est une activité qui fait vivre toute une communauté. Leur principale difficulté est liée à la rude concurrence. Les canaris sont vendus à des prix dérisoires entre 200 et 1500f CFA. Ce qui leur impose un mode de vie très modeste. Pourtant, la poterie occupe une place importante dans le patrimoine artistique et culturelle de la Côte d’Ivoire. Avec la mondialisation, les potières de Katiola voudraient que cette activité locale qui fait vivre des milliers de familles, soit davantage valorisée en Côte d’Ivoire en Afrique et dans le monde entier.
Fatime Souamée, Correspondante Régionale