Le président du Ppa-ci (Parti des peuples Africains de Côte d’Ivoire), Laurent Gbagbo dont la visite dans l’ouest de la Côte d’Ivoire a suscité beaucoup de débats, a animé un meeting au cours de son passage à Guiglo. Cette rencontre avec les populations répond pour les membres du Ppa-ci a partagé les douleurs de ses populations martyrs, vécues pendant les différentes crises.
Voici son discours
Je veux saluer les Chefs qui sont venus nombreux. Ils étaient venus nombreux avant hier chez Hubert Oulaye, ils sont venus hier nombreux à Duékoué et également aujourd’hui à Guiglo. Merci, Merci les Chefs.
Je voudrais évoquer le souvenir des camarades qui nous ont quitté et sont de cette région, des camarades avec qui nous avons travaillé, avec qui nous avons fait des meetings ici et qui ne sont plus avec nous. Mahan Gahe, je voudrais saluer sa mémoire, un combattant, un grand syndicaliste, un grand homme politique. Eloi Oulaï, j’ai mangé plusieurs fois dans son village chez lui. Pol Dokoui, j’ai parlé de lui hier mais c’était parce que son épouse était devant moi mais c’est le lieu ici de le saluer. Daho Benoît de Bloléquin. Gossio Marcel, que j’ai connu en 1990 quand je suis venu pour la première fois à Bloléquin. Sehi Cola de Guiglo, El Hadj Mory Fadiga de Guiglo. Je voudrais qu’on ne les oublie pas.
Chers amis, un homme a fait un grand discours tout à l’heure. C’est M. Doho Simon, responsable PDCI-RDA. Je voudrais saluer la délégation PDCI-RDA toute entière. Je voulais saluer le Ministre Gnonkonte qui a été nommé dans un de mes Gouvernements en tant que chargé des cultes et nous avons bien travaillé. Je suis heureux de le trouver dans sa région, je voudrais le féliciter et le saluer. Le Ministre et Ambassadeur Gilbert Bleu Laine, mon frère, parce que tu es venu de Man jusqu’ici pour nous rencontrer, je te remercie. Le Maire Denis Kah Zion, le Maire de Toulepleu, le Patron de la pensée politique du PDCI-RDA, parce que quand tu diriges le journal qui exprime la parole du Parti, c’est que tu es le responsable de la pensée politique de ce parti. L’honorable Flan Tehe, Lessiehi Mathias, l’honorable Blesse Doue, Boli emmanuel et le Maire Dibi Aime. Je vous salue tous. Si j’ai oublié certains, qu’ils m’excusent, l’oubli est humain.
Tout le PPA-CI a travaillé pour que cette visite soit un succès. Je ne vais pas citer tous les militants du PPA-CI ici sinon je vais dire le nom de chacun et nous allons rester là pendant trois jours. Mais j’aimerais remercier Hubert Oulaye, qui en plus d’avoir travaillé à la réussite de ce déplacement, m’a hébergé. Vous savez, est toujours important celui qui te donne un lit pour reposer ta tête. Hubert Oulaye, Merci. Guirieoulou Emile, salut. Tchéidé Jean-Gervais, lui c’est mon beau parce qu’il est Député de Bloléquin. La femme de mon fils est de Bloléquin donc qu’est-ce que je vais dire, Merci, Merci de nous avoir marié. Diezon Dibe Bernard, nous sommes vieux maintenant (rires), Yako. Zerehoue Edouard, comment tu vas ? Billaud, viens devant qu’on te voit. Quand je devais venir de Bruxelles, je devais rentrer en Côte d’Ivoire, on avait des problèmes avec les bagages. Billaud est venu à Bruxelles pour mettre nos bagages dans les sacs, les cantines et il les a mis dans l’avion. Billaud, Merci beaucoup, Merci.
Mesdames et messieurs, mes frères, mes sœurs, je suis heureux d’être ici avec vous. Je suis heureux même si je suis venu pleurer, je suis quand même heureux d’être ici.
Il y a deux doyens qui sont vivants et que je voulais qu’on salue, Emile Kei Boguinard, c’est le doyen de l’Ouest dans le Gouvernement et je suis heureux qu’il soit en vie. On l’a beaucoup chahuté, nous de l’opposition, c’est notre travail, mais il a beaucoup fait. Et puis je voulais saluer aussi Angèle Gnonsoa, qui n’est pas là. Je vous salue tous.
Hier j’étais très ému en visitant les fosses communes à Duékoué et autour de Duékoué. J’ai été très touché quand nous sommes arrivés à Carrefour. Ce qui était des pleurs, qui ressemblaient à des excitations parce que quand on arrive dans un endroit où les gens sont morts et enterrés comme des bêtes, on est touché. Et les gens de cet endroit de Duékoué sont touchés. Donc chaque fois que quelqu’un leur rend une visite, ils veulent exprimer ce qui ne s’exprime pas. On n’arrive pas à exprimer la douleur quand elle est grande. Même quand on crie et on pleure, est-ce que ça peut expliquer la douleur ? Mais je les comprends et les salue.
Une fois qu’on les a pleurés, il faut continuer car la vie continue. Si nous ne voulons pas être en retard, il faut continuer à vivre. Et je suis venu à Guiglo vous exhorter à continuer de vivre. Chers parents, il faut continuer de vivre.
D’abord il faut qu’on milite, qu’on lutte pour prendre tous les pouvoirs palier par palier. Je pense aux municipales demain, je pense aux législatives, à la présidentielle. Il faut qu’on continue de lutter. Mais pas le pouvoir pour le pouvoir. Le pouvoir pour faire quelque chose pour notre pays.
Vous voyez, j’ai été Président pendant 10 ans mais je n’ai pas de maisons à Abidjan. Ce n’est pas ce qui est important. Mais qu’est ce qu’on fait, pour le pays, avec le pouvoir.
Il faut qu’on établisse déjà un principe clair : Abidjan n’est pas toute la Côte d’Ivoire. Abidjan n’est pas toute la Côte d’Ivoire. Et donc il est juste de faire des investissements à Abidjan, car Abidjan est aussi la Côte d’Ivoire mais il faut faire des investissements ailleurs, partout, à l’intérieur de la Côte d’Ivoire. Il n’est pas normal qu’à Abidjan, on ait de l’eau en abondance et en surabondance et qu’à Boundiali, à Guiglo, à Guezon, on n’ait pas d’eau. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas normal qu’une partie de la population ait des éléments minimus pour vivre et que la majeure partie du pays n’ait pas ces éléments minimum pour vivre.
Abidjan n’est pas toute la Côte d’Ivoire. Et je souhaite que chacun de nous répète qu’Abidjan n’est pas toute la Côte d’Ivoire. Nous tous vivons à Abidjan, c’est normal qu’on ait des infrastructures. Mais Abidjan n’est pas toute la Côte d’Ivoire. Si Abidjan a trois ponts luxueux, il faut qu’à Guiglo, au moins, il y ait un pont. Mais je ne peux pas avoir trois ponts luxueux à Abidjan et ne pas pouvoir rentrer à Guiglo. Un ivoirien est égal à un ivoirien. Partout où se trouve l’ivoirien, il doit être à l’aise parce qu’il est chez lui.
C’est pourquoi j’avais pensé à appliquer la Loi de 1982 qui projetait de déplacer la capitale Abidjan à Yamoussoukro. Il y a plusieurs avantages. Abidjan est surpeuplé. Toutes les industries sont à Abidjan, c’est normal que les populations affluent pour chercher du travail. Viens maintenant la question du logement. Ils doivent dormir, donc on construit des maisons et ça continue. La Loi de 1982, c’est le Président Houphouet-Boigny qui l’avait fait. Je suis arrivé au pouvoir en 2000, longtemps après 1982 et j’ai examiné Abidjan et Yamoussoukro et j’ai trouvé que c’était utile qu’on déplace la capitale à Yamoussoukro. J’ai fait construire l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, l’hôtel des Députés, le Palais Présidentiel de Côte d’Ivoire à Yamoussoukro. J’ai aussi achevé l’autoroute jusqu’à Yamoussoukro. Dès que je suis parti du pouvoir, on a laissé les travaux. Le parlement qui devait nous être livré en 2012, j’ai été arrêté en 2011, est resté comme ça dans la brousse. Le coin est devenu une broussaille. Des milliards qui sont maintenant dans la brousse, des milliards. Le Palais Présidentiel, nous avons dépensé des milliards pour stabiliser le sol qui était sablonneux et on a commencé à élever les piliers qui devaient supporter les bâtiments. C’est dans le brousse tout ça aujourd’hui. Il n’y a pas que l’autoroute que les gens utilisent mais vous utilisez l’autoroute pour aller où? Ce sont ceux qui viennent en pays Wê qui en bénéficient, ceux qui vont au Nord aussi. J’avais même signé avec Blaise Compaoré, lors de sa visite en Côte d’Ivoire, un accord pour qu’on poursuivre l’autoroute jusqu’à Ferké. Mais Abidjan n’est pas la ville seule en Côte d’Ivoire. Il faut qu’on investisse et crée des infrastructures dans toute la Côte d’Ivoire pour rendre la vie des ivoiriens facile.
Vous voyez, par exemple pour le Cacao, le Café, aujourd’hui, ce sont des prix d’achat qu’on fixe. Je me suis battu pendant 10 ans pour qu’on fixe un prix de vente. Ce n’est pas la même chose. Le prix d’achat est fixé par l’acheteur et le prix de vente devrait être fixé par le vendeur. Donc j’ai demandé à ce que l’Institution à Londres vienne en Côte d’Ivoire et on l’a installé à Abidjan dans le bâtiment de la CAISTAB. Mais on s’est arrêté là. Or il aurait fallu que les producteurs de cacao, le Ghana et la Côte d’Ivoire, à eux deux seulement qui produisent 62% de la production mondiale de cacao se mettent d’accord. Nous produisons 40% et le Ghana 22%. Mais il faut faire ce travail, il faut lutter entre le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Cameroun pour que nous arrivions à avoir un prix de vente du cacao. Mais cette politique que j’ai entreprise est restée là sur les bords des chemins parce qu’on n’a pas eu le courage et la force de s’opposer un peu aux acheteurs. Il faut se battre. Mais il y’en a qui ne se battent pas. Il faut se battre pour avoir tout. Mais quand on fixe le prix d’achat, l’acheteur, il donne son argent à un libanais, il dit va acheter à tel prix. Le libanais quand il arrive, il voit que le paysan à Guiglo est dans la détresse et qu’il n’a rien. Il se dit que l’école va ouvrir bientôt, il n’a pas les moyens de mettre son enfant à l’école. Donc le libanais lui demande de lui donner le cacao à 500 FCFA, à prendre ou à laisser. Mais le parent qui n’a rien va faire comment ? Souvent, le libanais qui doit donner les 500 FCFA donne un ticket. Il faut mettre fin à tout ça, il faut établir des règles très claires pour la vente de nos produits agricoles. C’est ça une politique qu’il faut mettre en oeuvre. Mais pour ça, il faut mettre la force d’inviter à une réunion la plupart des pays producteurs. Il y a aujourd’hui la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Cameroun, le Vietnam surtout pour le Café etc. Donc sur ce point, voilà.
Mais il y a d’autres points sur lesquels on peut s’entendre et avancer. C’est pourquoi, je voudrais dire à la délégation du PDCI-RDA qui est présente massivement, nous discuterons tout à l’heure à la maison, et je voudrais leur dire publiquement que pour moi c’est très sérieux l’alliance que nous avons scellé avec le PDCI-RDA. C’est très sérieux parce que cette alliance nous donne une marge de manœuvre pour conduire une politique audacieuse. Il nous faut du temps et du cran. Et nous, unis, nous pouvons avoir du cran et du temps. Il faut aller en profondeur pour la Côte d’Ivoire. Chers amis du PDCI-RDA, vous qui êtes venus nous rencontrer ici, c’est ce que je vous demande de dire au Président Bédié. Il ya beaucoup de choses qui vont mal. Pour les redresser, il faut du courage et du temps. Pour avoir du temps, il faut une alliance solide. Donc chers amis, voilà ce que je veux vous dire.
Les peuples Wê, je vous ai dit hier à Duékoué, essuyez vos larmes parce qu’on ne fait pas grande chose quand on a les larmes dans les yeux. Quand on a les larmes dans les yeux on ne voit pas très clair. Il faut cesser de pleurer et avancer. Il faut que les régions, nous voyons. On met Gagnoa et Oumé, une région. C’est bien. Mais c’est trop petit pour entreprendre quelque chose de solide. Une région doit avoir au moins, une université et un CHU. Ce n’est pas en faisant une région à Gagnoa et Oumé. Il faut construire dans toute la Côte d’ivoire 10 régions et ça nous fera au moins 10 universités et 10 CHU. Là on peut dire qu’on avance. Sinon on va construire des dispensaires et on va baptiser des noms. Quand on dit un mot en politique, les gens ne voient pas à quoi renvoie ce mot plus loin. Quand je dis il faut avoir 10 régions, mais pourquoi? Là il y a 32, on fait quoi avec ? Des régions qui n’ont pas d’ampleur. Il nous faut 10 régions qui ont du coffre et de l’ampleur. Avec ça, on pourra construire une université et des CHU. Le problème qui se pose aujourd’hui dans l’univers scolaire, quel est leur débouché ? Ils vont où ? Ceux qui sont les plus aisés envoient leurs enfants en occident. Récemment, avec la guerre de la Russie contre l’Ukraine, on a vu le nombre d’Africains qu’il y a là-bas. Mais et ici chez nous ? Pourquoi nos enfants ne vont pas à l’école chez nous ? Juste parce qu’on n’a pas d’ambition pour les nouvelles générations. Chacun veut être riche vite. Chacun veut être riche vite. Donc il a l’argent, il est riche vite, il envoie ses enfants au Canada, aux USA, en France, en Allemagne, mais et ici ? Le paysan qui a 15-10 hectares de cacao qui ne peut envoyer ses enfants en Europe, il fait quoi, il fait comment ? Il regarde son enfant qui a le BAC et la licence. Quand l’enfant n’a pas de travail, il devient instituteur. On regarde tout ça et on est content. On ne doit pas l’être. C’est un échec. On doit lutter contre cet échec, en construisant en profondeur, dans le lointain.
C’est ce que je suis venu vous dire aujourd’hui à Guiglo. Je suis venu vous dire qu’il y a de l’espoir. Il y a de l’espoir.
Chers camarades, chers amis, chers parents, il y a de l’espoir en Côte d’Ivoire Il y a des gens qui veulent s’unir avec leur frères pour que l’espoir soit plus grand, pour que la place de l’espoir soit plus grande que celle du désespoir. Je ne peux pas me contenter de voir des bacheliers être chauffeur de taxi à Abidjan. Je ne peux pas me contenter de regarder des gens à la licence chercher une place d’instituteur, gérants de cabine. Non, non la Côte d’ivoire vaut mieux que ça. Il y a des gens qui offrent cet espoir, ils sont là.
Les Chefs, dites à ceux qui vivent dans vos villages, d’essuyer les yeux, d’essuyer les larmes et qu’il y a de l’espoir en Côte d’Ivoire et que cet espoir aujourd’hui est incarné par l’alliance entre le PPA-CI et le PDCI-RDA.
Que Dieu vous bénisse !
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !
Je vous remercie.