L’ex préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi n’est pas content du comportement d’un ministre de la république de Côte d’Ivoire. Il le fait savoir dans le texte qui suit et déjà publié sur sa page Facebook. Crûment et avec ses mots à lui.
« CE QUE NOUS LAISSONS QUAND NOUS SOMMES PARTIS….
Le Samedi dernier, j’étais à la levée de corps d’un homme que je ne connaissais pas, que je n’ai jamais vu, que je n’ai jamais rencontré. J’ai écouté avec beaucoup d’attention les nombreux témoignages sur sa vie.
Il s’appelle Serge André Isidore Roux. Il était originaire d’Odienne. Il avait 71 ans.
On dit de lui qu’il était toujours joyeux, qu’il vivait à 100 à l’heure, qu’il était bon, qu’il était très humain, qu’il accordait de l’attention à tous ceux qui étaient autour de lui . Une délégation traditionnelle venue de Kong est aussi venue pleurer et faire des témoignages élogieux de la transformation qu’il a apportée dans leurs communautés.
L’homme aimait la nature, sa raison de vivre. Il était propriétaire de 3 hôtels Kafolo, au Nord , à Jacqueville et à Abatta. Ces hôtels sont des concentrés de nature sauvage, construits en matériaux naturels où vivent des dizaines d’espèces animales rares ramenées de toutes les régions du monde dans une nature verte recréée au bord de l’eau : un morceau de paradis sauvage.
Les témoignages sur la bonté et sur l’humanité de Serge Roux étaient si nombreux que l’on a fini par oublier que l’homme était également l’un des plus grands Notaires de Côte d’Ivoire et membre de plusieurs organisations internationales de juristes .
Ce que nous laisserons dans les mémoires de ceux qui nous aurons aimés, de nos voisins , de nos collègues , des communautés, du pays, c’est cela : le bonheur que nous aurons apporté aux autres, les petits sourires et rires que nous leur aurons procurés, l’humanité que nous leur aurons communiquée .
À aucun moment, je n’ai entendu des allusions à une éventuelle fortune de l’homme, à ses réalisations, à son compte bancaire. La référence à ses hôtels de nature a été faite seulement pour montrer son attachement à la protection de l’environnement, des forêts et des animaux en voie de disparition.
Lorsque je suis rentré chez moi, je n’ai cessé à nouveau de réfléchir au sens de la vie. À quoi nous sert-il d’accumuler le matériel à l’infini, de ne vivre que pour recevoir des honneurs et des titres, de tuer nos semblables et les rendre misérables pour notre gloire personnelle ?
Quand nous serons partis de cette terre, ce que nous laisserons aux autres, c’est toute la force de l’Amour que nous aurons manifestée et non pas ce qui nous fait courir tant ici-bas.
Le samedi, je suis rentré chez moi en pleine interrogation. Je n’ai alors pas pu m’empêcher de me rappeler l’expérience que j’ai vécue il y a deux semaines à l’Hotel Ivoire.
Un Ministre de la République n’est pas venu participer à un panel, sous le prétexte que je suis trop petit pour être à ses côtés, alors que toutes ses équipes étaient déjà sur place. Sur ce panel , figuraient également l’Ambassadeur du pays le plus puissant de la terre et la représentante de la plus puissante organisation au monde et moi en qualité d’expert international en gestion des conflits sur la base de mes expériences dans les autres parties du monde.
Ce que nous laisserons quand nous serons partis, c’est l’humilité dont nous aurons fait preuve à l’égard des plus petits que nous .
Car cette vie-là…
Vincent Toh Bi, préfet hors grade, président de l’ong Aube Nouvelle