Depuis quelques jours, des images montrant des mineurs dans le centre de resocialisation pour mineurs de Bimbresso, 15 kilomètres d’Abidjan, sur la route de Dabou, circulent sur les réseaux sociaux. Ces gamins ont été interpellés et placés dans cet endroit parce qu’ils ont perpétré des actes de vandalisme dans différentes écoles du pays. Réclamant des congés anticipés de Noël.
Pour le député de Yopougon, fils de l’ex président de la République Laurent Gbagbo, même si les actes de ces élèves sont condamnables, le traitement à eux infliger semble disproportionné. Sur sa page Facebook, Michel Gbagbo dénonce :
« Je condamne les actes commis par les élèves réclamant des congés anticipés. Mais la réponse des institutions m’interpelle encore plus. Les remettre à des militaires ? Que dira t-on demain quand les opposants au régime les y rejoindront? Et me donne comme un air de déjà vu. Un air de dictature qui m’interpelle. Car personne d’entre vous ne s’interroge : quel est le statut juridique de ces jeunes ? Sont ils dans un camp militaire ou comme on le dit dans un centre de ´´redressement´´ civique suite à une décision de justice ? Cette peine est elle prévue par la loi? Quel tribunal l’a décidé et quand ?
Mettre des enfants à genoux en plein ensoleillement au drapeau dans leur lycée relève t il d’une décision de justice ? Quel est l’article de notre Code pénal qui prévoit tout cela?
Quel est l’article qui permettait à Houphouët Boigny de kidnapper ses opposants (étudiants et enseignants notamment ) et de les faire déporter dans des camps militaires soit disant pour effectuer leur service militaire ?
Quelle est la loi qui permettait à Guei Robert de faire enfermer dans un camp militaire des joueurs de football qui n’avaient pas marqué assez de buts selon lui?
Quelle est la « »décision de justice » » qui tout récemment aurait permis à des policiers de pénétrer dans l’enceinte d’une Cathédrale pour y prendre des docteurs sans emploi et en plein recueillement et de les faire enfermer à la préfecture de police ? Dans toutes ces affaires n’a-t-on pas affaire à une négation des droits civiques ? Et si finalement l’on vivait depuis des décennies mais notamment depuis 2011 dans un régime militaire qui ne dit pas son nom ?
Ne s’agit il pas pour en revenir à ces manifestations d’autorité voire à ces abus d’autorité de kidnapping ou de séquestration afin de donner l’illusion que tout va bien alors justement que rien ne va? Le but de ces dérapages populistes est il de lutter contre la pauvreté ou au contraire de lutter contre les pauvres pour le bénéfice d’une minorité de nantis, d’un clan ??
Pour terminer je tiens à rappeler que ces élèves ne sont ni des élèves policiers ni des élèves militaires et que cette procédure n’est pas à ma connaissance prévu dans le système pédagogique de l’éducation nationale.
Devant cet échec criard de notre modèle éducatif et ces actes d’impuissance commis envers des préadolescents et des adolescents il aurait été plus républicain pour le Ministre de démissionner. Enfermer des pauvres n’a jamais hélas réduit la pauvreté. Ni réduit les injustices. Cela se saurait sinon.
Les actes aujourd’hui posés par ces élèves résultent a mon sens d’une décennie de mesures imposées, catastrophiques et sans épaisseur. C’est en vérité tout le système éducatif qui est en crise. Et qui mériterait d’être refondé de manière inclusive.
Enfin…. même si ces actes institutionnels étaient réguliers, que fait on dans ce cas du devoir de protection de l’identité de ces élèves mineurs? Ont ils donné eux et leur parent autorisation pour une telle exposition médiatique sur les réseau sociaux notamment de leur identité? Les données à caractères personnels sont elles aussi devenues une chimère en Côte d’Ivoire où décidément rien ne semble vraiment aller ? »
Serge Ndrin