Ado Solutions. Les Ivoiriens vont trinquer. Car, l’or noir donne des idées noires au pouvoir ivoirien.
Si le prix du gasoil, depuis le début de l’année 2022, est figé à 615 FCFA, celui du super fait yoyo: 615F en janvier, 635 F en février et mars, 695F en avril et mai, et 735F en juin.
Cette montée du prix du carburant à la pompe, sous le pouvoir Ouattara, est réellement une mauvaise surprise.
Quand en juillet 2008, au motif du renchérissement du baril de pétrole, le gouvernement de Laurent Gbagbo a ajusté à la hausse les prix du carburant à la pompe (775F pour le super, 685F pour le gasoil et 550F pour le pétrole lampant), le pays a été paralysé par des manifestations des conducteurs et des automobilistes. La centrale syndicale UGTCI a même décrété deux jours de grève.
Le recul, en catastrophe, du gouvernement, le dimanche 20 juillet, sur les prix à la pompe du gasoil (585F au lieu de 685F) et du pétrole (495F au lieu de 550F) n’a pas empêché le RDR du président Alassane Ouattara, à travers sa Commission technique mines et énergie, de fustiger, dans un communiqué, « le mépris » de l’État vis-à-vis des consommateurs et des populations.
Ce parti de l’Opposition proposait alors des mesures qu’il qualifiait de « simple bon sens »:
– réduction des prélèvements de l’État;
– optimisation de la structure des prix pour ajustement du niveau de péréquation transport;
– suppression du prélèvement pour stock de sécurité;
– mise en œuvre des importants excédents financiers constitués grâce à la part ivoirienne dans les revenus d’exportation du pétrole brut.
Mais voilà que, au pouvoir depuis 2011, « ADO Solutions » n’a pas de solutions pour circonscrire la flambée des prix.
Au pied du mur et pris au piège de la forfaiture, Ouattara, renvoyant aux calendes grecques toutes les mesures « de simple bon sens » de son parti, maintient toutes les taxes de la colère du RDR.
– péréquation transport (2% du prix à la pompe);
– prélèvement du stock de sécurité (6F CFA);
– taxe de 30FCFA instauré pour soutenir, dit-on, la SIR en difficulté.
De ce fait, alors que la taxe d’amortissement existe bel et bien pour maintenir les prix à un niveau acceptable, le pouvoir applique le mécanisme automatique des cours mondiaux des hydrocarbures, en alignant systématiquement les prix à la pompe sur l’international. Et les cours s’envolent, au grand dam des populations, livrées à elles-mêmes.
Ainsi, la structure des prix continue de se présenter comme suit. Super sans plomb:
– 44 % vont directement dans les caisses de l’État;
– 41,1% vont à la SIR, société d’État;
– 9,6% à la société pétrolière qui dispose de la station-service;
– 2,6% au gérant de la station-service;
– 2,7% au transporteur (propriétaire des camions-citernes).
Gasoil:
– 23,8% vont directement dans les caisses de l’État;
– 61,3% à la SIR, société d’État;
– 9% à la société qui dispose de la station-service;
– 2,7% au gérant de la station-service;
– 3,2% au transporteur.
Et les Ivoiriens sont condamnés à boire le calice jusqu’à la lie. Et c’est une lapalissade: au pays des vendeurs d’illusion, la critique est aisée, mais l’art, compliqué ou complexe à défaut d’être difficile.
M. Bally