L’affaire du lotissement de 300 hectares de M’Batto-Bouaké, village Gwa de la sous-préfecture de Bingerville, continue de défrayer la chronique. Les propriétaires terriens à l’origine de l’action en justice ayant occasionné l’annulation du lotissement par le Conseil d’Etat sont montés au créneau le jeudi 7 décembre 2023, au cours d’une conférence de presse. Dans une déclaration lue par Bessien Clément, membre de la génération Gnondôh au pouvoir, en présence d’une forte délégation de doyens et membres de ladite génération, ils ont rappelé les péripéties liées audit lotissement et les procédures judiciaires en cours contre le chef du village et l’opérateur avec qui il a unilatéralement signé une convention sans l’aval des propriétaires terriens, sans enquête de commodo et incommodo.
Ce qui, a-t-il rappelé, a forgé la conviction des juges de l’autorité judiciaire administrative dans leur décision d’annuler le lotissement.
A l’endroit du collectif des acquéreurs de lots du lotissement litigieux qui se sont récemment réunis en assemblée générale sans pour autant rien entreprendre auprès des propriétaire terriens, Bessien Clément a tenu un langage de vérité. « Les personnes avec qui les transactions ont eu lieu ne sont pas les vraies propriétaires terriens. Notre intention est de faire de telle sorte que chacun puisse être en possession de la terre qu’il a achetée. Mais il a acheté cette terre avec qui ? Il a investi, à qui il a donné l’argent ? Et celui qui a reçu l’argent aussi, est-ce que il est venu vers le vrai propriétaire ? », a-t-il déclaré avant de poursuivre : « Les vraies victimes, ce sont les propriétaires terriens, les villageois. Mais malheureusement, on les fait passer pour les bourreaux. Venez au village, venez constater. Leurs terres sont complètement détruites. Ils n’ont aucun lot pour se construire une maison. ». Il a aussi révélé,qu’au mépris de la clé de partage qui prévoyait que l’opérateur ait 30% des lots et les propriétaires 70%, ce dernier s’est octroyé 51% des lots, soit 651 lots de plus. Un préjudice énorme pour les propriétaires terriens.
Il a toutefois déclaré que les propriétaires terriens restent ouverts aux négociations. Il a dans ce sens salué les négociations engagées par le sous-préfet de Bingerville avec les opérateurs et toutes les parties prenantes.
L’autre enjeu majeur, qui motive leur détermination à aller jusqu’au bout, est que les terrains réservés pour l’extension du village ont tous été spoliés et bradés. Ce qui, à leurs yeux, est inacceptable pour les générations à venir et la survie même du village.
Serge NDRIN
