Le Djéguélé festival n’est pas que musiques et sonorités. C’est également et surtout un moment de réflexion sur des questions qui touchent au balafon, à son devenir – sinon son avenir – en ces temps de modernisation galopante.
Ainsi, et pour épouser l’air du temps, Dr Ibrahima KONÉ, Maître assistant à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo a été invité, le vendredi 11 avril 2025, à se prononcer sur la thématique générale du festival : « Balafon Djéguélé à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle : défis et perspectives », au siège dudit festival à Boundiali.
L’universitaire a, de prime abord, replacé le Djéguélé festival dans son rôle principal, celui de promouvoir les valeurs culturelles africaines par l’intermédiaire du balafon. Même si, a-t-il exprimé, l’importance du Djéguélé festival doit être estimée en tenant compte des exigences contemporaines, notamment celles liées au numérique et à l’intelligence artificielle.
Dr Ibrahima KONÉ a ensuite listé les défis qu’il importe de relever pour ancrer davantage le balafon dans le monde musical, artistique et culturel. Il citera pêle-mêle la préservation de l’authenticité du balafon face à la modernité, l’insuffisance ou inexistence aux ressources technologiques et le manque d’éducation. Pour Dr Ibrahima KONÉ, l’adaptation du balafon avec les autres genres musicaux contemporains reste une exigence pour les promoteurs de cet instrument traditionnel qui a certes traversé le temps mais, a besoin d’être (re)mis au goût du jour.
En ce qui concerne les perspectives, le conférencier a proposé de (re) penser le Djéguélé festival comme « un laboratoire de numérisation et de préservation du patrimoine balafon » et de favoriser les collaborations et fusions avec d’autres genres musicaux, sans oublier la valorisation et la promotion de cet instrument à l’échelle mondiale.
« L’intelligence artificielle ouvre la voie à des créations musicales nouvelles, à des expérimentations musicales novatrices », a indiqué Dr Ibrahima KONÉ. Avant d’ajouter que l’intelligence artificielle pourrait analyser des motifs musicaux traditionnels et les intégrer à des créations nouvelles ».
Dr Ibrahima KONÉ a également abordé quelques questions connexes, notamment les dangers que court le balafon si son utilisation, avec les outils numériques en propension, n’est pas canalisée. « Il importe de faire appel au sens de la mesure et de la prudence pour éviter que l’intelligence artificielle ne fasse tomber le balafon dans les dérives, pour ne pas dénaturer la forme intrinsèque du balafon », a-t-il conseillé.
Toutefois, le défi le plus important est : comment se projeter dans le futur tout en préservant l’authenticité du balafon, vu que le numérique et l’intelligence artificielle sont des faits qu’il est impossible de (les) nier. Dans cette perspective, le Djéguélé festival peut être un régulateur, un acteur de cette valorisation en offrant de la reconnaissance aux fabricants de balafon ainsi qu’aux balafonistes.
Qu’on le veuille ou pas, le balafon ne pourra pas rester éternellement dans son cocon traditionnel. Le plus important c’est de réussir à le faire entrer sans grands dommages, dans l’ère de la modernité et du numérique, a conclu en substance Dr Ibrahima KONÉ.
M’Bah Aboubakar, depuis Boundiali