La 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) a débuté, le samedi 13 janvier 2024 avec l’opposition des Éléphants de Côte d’Ivoire face à la Guinée-Bissau. Comme l’on s’y attendait, les maillots floqués aux couleurs du drapeau national ont réussi à inonder les quartiers populaires de la capitale économique, Abidjan.
Malgré les vives tensions sur les exigences de la qualité du maillot à acheter et la question du prix, propulsée par les réseaux sociaux à l’issue de la déclaration du président du COCAN F. Albert Amichia, les populations ivoiriennes ont quand même été bien déterminées à se procurer chacun, non seulement un maillot, mais un, qui portera dorénavant leur propre nom.
L’effervescence dans les marchés et les rues des quartiers populaires était inimaginable depuis quelques semaines. Pour exprimer leur soutien indéfectible aux Éléphants de Côte d’Ivoire et faire de la CAN la meilleure de l’histoire, les supporters se sont résolus à tout prix et par tous les moyens à s’offrir un maillot personnalisé griffé de leur nom. Une tendance qui est en recrudescence ces dernières années.
Le prix du maillot normal est passé du simple au double, voire même au triple à la veille de la CAN dans quasiment tous les points de vente d’Abidjan. À Adjamé, le centre-ville d’Abidjan, le phénomène de personnalisation des maillots avait déjà bien débuté, il y a environ 5 mois avant le début de la CAN. Comme nous l’a expliqué un vendeur de maillot situé au sein du marché noir « Black market » d’Adjamé et qui exerce cette activité depuis plusieurs années durant.
A en croire ce dernier, peu importe la qualité du maillot ou le prix « ce qui intéresse les gens est d’avoir leur nom écrit sur leur maillot », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que c’est un comportement qui, même s’il tend à vanter ceux qui l’adoptent ou même s’il frise relativement l’ostentation, reste néanmoins une marque d’affirmation de soi.
Par exemple, dans le Nord de la capitale, à Abobo, rien n’explique véritablement cet engouement autour du maillot personnalisé. Il relève le plus souvent d’un effet de mode en vue de se laisser porter par les méandres de l’événement. Ivoirien ou pas, tous ont un maillot qui porte leur nom à l’effigie du drapeau national et des noms qui reflètent l’ambiance qui règne au sein de la commune comme « Abobo la 4 » qui voudrait signifier en réalité « Abobo la carte ». Le maillot personnalisé est aussi le moyen d’exprimer l’amour entre certains couples qui en ont profité pour griffer au dos de leur maillot le nom de leur compagne tel que « Mme Sangaré » ou encore « M. Kady ».
Le désir de griffer son nom sur son maillot est de plus en plus manifeste, surtout en ce jour de match des Éléphants de Côte d’Ivoire. Comme en témoignait la foule entassée autour de M Dosso, un imprimeur réputé à Abobo pour ce travail de personnalisation de maillots.
Son travail consiste à apposer des lettres d’alphabet sur le dos du maillot, en plus d’un numéro dans certains cas, pour ensuite les coller à l’aide de la chaleur que génère un appareil appelé la presse thermocollante.
Chaque lettre apposée coûte 500 f l’unité. L’on estime une moyenne de 5 lettres apposées par maillot pour chaque personne. Ce qui revient à 2500 fr sans numéro. Et 3 000 F avec un numéro.
À une semaine de la CAN, déjà, M Dosso a expliqué qu’il devait toujours rentrer à la maison plus tard que prévu. À la veille du début de la compétition, il a dû cesser de travailler à 21 h 00 une fois n’est pas coutume.
Il a précisé que ce jour de CAN est plus rythmé que les autres. Il peut s’en réjouir, car cela lui permet de faire du coup une recette journalière de 25 000 F en moyenne par jour.
Si avoir un maillot des éléphants, original ou pas n’a pas de prix pour les populations, en avoir un qui porte son nom personnel a bien un prix.
Mansour Konaté