Charles Blé Goudé ronge son frein et se trouve dans tous ses états. « Moi, je suis encore bloqué, ici à La Haye, dans les griffes de l’administration de la CPI et d’un système sans visage, attendant un passeport depuis un an bientôt », a-t-il tempêté, dans une récente déclaration, pour traduire sa mauvaise humeur.
En effet, après leur acquittement définitif, le 31 mars 2021, devant la CPI, le président Laurent Gbagbo, son co-détenu, après moult tractations et péripéties, a obtenu son passeport et est revenu au pays, le 17 juin 2021.
Mais ce n’est pas, plus d’un an après sa libération, son cas. A cet effet, il a saisi l’administration de la Cour pénale. En vain. Claude Soumahoro Sahi, chef de cabinet d’Alassane Ouattara, a été dépêché et lui a rendu une visite, le 5 avril 2022, à La Haye où il réside. Ce fut de la poudre aux yeux.
Blé Goudé attend toujours son passeport. Alors que même les aveugles voient que le paradoxe ivoirien saute aux yeux. La Constitution ivoirienne dispose qu’aucun Ivoirien ne peut être contraint à l’exil.
Mieux, sous la pression des autorités ivoiriennes, le HCR a retiré, le 7 octobre 2021, la Côte d’Ivoire des pays à risques et recommandé que les ressortissants ivoiriens ne bénéficient plus de l’asile à partir du 30 juin 2022.
Cette date avance à grands pas. Et au moment où des milliers de réfugiés dans les camps ghanéens et libériens ont pris effectivement leur billet retour pour regagner le pays, Charles Blé Goudé est encore sur la liste d’attente.
Le ministre Cissé Ibrahim dit Bacongo, conseiller spécial du chef de l’État chargé des affaires politiques, a trahi la confidence, le 21 décembre 2021, sur un plateau de télévision. « On ne peut pas laisser Charles Blé Goudé arriver quand on sait que les gens avec qui il a eu des mauvaises intentions sont là. On ne sait jamais d’où le coup peut venir », a-t-il ouvertement déclaré.
C’est un mot d’ordre clair qui place Charles Blé Goude dans le viseur. Il se trouve ainsi sur la liste noire des personae non gratae et des indésirables. Comme Soro Kigbafori Guillaume, placé sous mandat d’arrêt international.
F. M. Bally, journaliste