La candidature de Laurent Gbagbo continue à faire des vagues, puisqu’elle suscite la polémique depuis la radiation du nom de l’ancien chef de l’Etat de la liste électorale suite à sa condamnation à 20 ans dans le procès dit du casse de la BECEAO. Il n’empêche, le Comité central du PPA-CI, réuni le 13 avril 2024, a décidé de mettre en musique la décision qu’il a prise, le 09 précédent, de désigner Laurent Gbagbo comme candidat à la Présidentielle de 2025. Aussi, la date du 10 mai prochain a-t-elle été choisie pour l’organisation d’une Convention à l’effet d’investir formellement officiellement celui-ci. Et pourtant, son nom reste toujours radié. Alors, de deux choses l’une : soit, le PPA-CI se fout de ladite radiation comme de l’an 40 ; soit, le Parti des peuples africains, section Côte d’Ivoire ignore tout des implications de la décision de la justice qui prive son mentor de ses droits civiques et politiques. Dans un cas comme dans l’autre, il est évident que l’on est face à une situation pour le moins ubuesque.
Cependant, on note que le PPA-CI a décidé d’engager parallèlement, des négociations politiques pour régler le cas Gbagbo. Une demande d’audience a été introduite auprès des services du Premier ministre Robert Beugré Mambé. Ainsi que l’a confirmé Katinan Koné, lors du 24è numéro de la Tribune du PPA-CI, le jeudi 18 avril 2024. « Le PPA-CI encourage le gouvernement à s’engager davantage dans le renforcement de la paix sociale en émettant davantage de signaux de décrispation de la vie politique et sociale. C’est dans cette heureuse perspective que le PPA-CI a écrit au Premier ministre, chef du gouvernement, son Excellence Beugré Mambé Robert, pour solliciter une audience à l’effet de discuter et trouver une solution à la question de l’inscription du nom du président Laurent Gbagbo sur la liste électorale. Ainsi, le vendredi 15 mars 2024, une demande d’audience a été déposée au Premier ministre. Le PPA-CI continue d’attendre la réponse du gouvernement. Cette démarche s’inscrit dans la ligne politique du président Laurent Gbagbo qui est marquée par sa constante volonté de faire du dialogue l’instrument privilégié de règlement de toutes les contradictions politiques et sociales », a fait savoir Katinan Koné, ce jour-là.
Les questions que l’on est en droit de se poser dès lors coulent de source : pourquoi le PPA-CI qui a décidé de privilégier la voie du dialogue n’attend-il pas la réponse du Premier ministre avant d’investir son candidat ? Que recherche donc ce parti en initiant cette démarche aux allures de provocation ? En effet, le même Katinan a éventé ce qui se prépare du côté de son parti. « Notre parti a commencé le processus de désignation de son candidat à l’élection présidentielle de 2025…Réuni en session extraordinaire le samedi 13 avril 2024, le Comité central a convoqué une convention pour entériner officiellement la candidature du président Laurent Gbagbo. Ce processus de désignation de notre candidat à l’élection présidentielle prochaine est la preuve de notre détermination à participer totalement et entièrement au débat politique de façon démocratique ; la seule voie qui préserve la paix sociale », a-t-il confié. Quelle contradiction ! Parce qu’on ne peut pas se présenter comme un « héraut » de la paix sociale, et engager, dans le même mouvement, une démarche qui ressemble à de la provocation. Il y a quelque chose qui cloche.
En tout état de cause, pour être en cohérence avec sa volonté de dialogue manifestée par le courrier adressé au chef du gouvernement, le PPA-CI se doit de surseoir à l’investiture de Laurent Gbagbo prévue le 10 mai. La raison le commande. La logique l’exige. Rien que ça !
Chris Monsékéla