Vainqueur du Prix du meilleur entrepreneur de l’année 2023, lors des Wecanda Awards, Alain Anzara, Directeur Général de Ivoir Trips international est revenu dans une interview à Adjuwa.net sur son parcours entrepreneurial, ses difficultés, ainsi que sur le Prix qu’il a reçu.
Vous venez d’être désigné meilleur entrepreneur de l’année par le jury des Wecanda Awards. On peut dire, désormais que vos nom et prenom, Alain Anzara sont inscrits en lettres d’or?
Alain Anzara, oui. Mais, à l’état civil, je suis Alain Michel Assemien. Je suis juste plus connu sous le nom de Alain Anzara. J’ai 35 ans. Je suis Expert en développement du potentiel humain et de l’efficacité personnelle. Entrepreneur, je suis Directeur général de Ivoir Trips International et Conférencier.
Ça, c’est pour ma carte de visite aujourd’hui. Mais, avant, j’ai fait des études en expertise comptable. Je suis titulaire d’un BTS en finance comptabilité, d’un DCG (Diplôme de Comptabilité & de Gestion) de l’intec-Paris, d’une licence en management option Banque – Finance obtenu à l’Institut of Management de Dakar, d’un Master CCA (Comptabilité Contrôle Audit) de l’IAE de Grenoble. Juste après mes études, j’ai créé mon entreprise. Je n’ai jamais travaillé dans une autre entreprise.
Votre entreprise, Ivoir Trips international…
Oui, Ivoir Trips International. C’est une agence d’ingénierie touristique, culturelle, pédagogique et d’événementiel d’entreprise et création de contenu. Elle est la première agence touristique 100% Côte d’Ivoire (exclusivement orientée sur la Côte d’ivoire). Elle a quatre pôles d’activités.
D’abord en tourisme. Nous créons des expériences de voyages en Côte d’Ivoire à travers des circuits touristiques, des excursions pour les particuliers, les entreprises, les institutions, les écoles et universités. Ensuite, on a les Séminaires Team building et événements d’entreprises. Nous concevons des programmes, activités, ateliers et événements pour aider les entreprises à créer ou renforcer les liens entre collaborateurs, à développer l’esprit d’équipe, de sorte à devenir de véritables tribus. Nous aussi ce que nous appelons « Amazing Côte d’Ivoire ». Dans ce segment, nous créons des expériences autour des cultures et traditions africaines. Notre premier événement est Akan Brunch. Enfin, nous avons les studios Mossika. C’est notre pôle destiné à la création de contenus culturels et artistiques qui ambitionne devenir une maison de production pour mettre en valeur nos cultures, traditions, artisans, curiosités (à travers des documentaires, films, vidéos et photos) de sorte à laisser un héritages aux générations futures. Voici à peu près à quoi ressemble Ivoir Trips international.
Vous êtes bardé de diplômes. Mais, on appris que vous n’avez jamais travaillé pour une autre entreprise. Qu’est-ce qui vous a motivé à emprunter le chemin de l’entrepreneuriat ?
Pour moi, le but de la vie c’est d’être légendaire, c’est-à-dire, vivre une vie qui permet de laisser un héritage, qui inspire non seulement notre génération, et également celles à venir. Laisser des traces ! Je suis arrivé à l’entrepreneuriat parce que je voulais créer de l’espoir chez les jeunes en leur montrant qu’on peut sortir de l’école, sans expérience professionnelle, se lancer dans l’entrepreneuriat et réussir. J’ai la fibre entrepreneuriale en moi depuis mon jeune âge. J’ai appris à me débrouiller assez tôt. Le déclic est venu en 2015, j’avais passé 4 années hors de la Côte d’Ivoire dans le cadre de mes études. Lorsque je suis venu en vacances en 2015, j’ai été frappé par un constat très triste. La majorité de mes « petits frères » du quartier n’allait plus à l’école. Certains s’étaient adonnés à la drogue, d’autres à l’alcool, d’autres encore avaient fini leurs diplômes, mais ne trouvaient pas de travail. Je pouvais voir le désespoir dans leur regard, sans repère, ils n’avaient pas de réels modèles qui les inspiraient.
Je me souviens que certains parents m’appelaient avec beaucoup de tristesse pour que je puisse donner des conseils à mes petits frères. Lors de mes discussions avec ces derniers, il ressortait tout le temps qu’ils aspiraient à autre chose que ce que la vie, l’école, les parents leurs proposaient. En gros, personne ne le comprenait. Ils étaient tout le temps jugés. N’ayant personne pour les écouter et les aider, ils avaient jugé bon de faire comme ils voulaient. Ce jour-là, j’ai pris une décision très importante pour la vie. J’ai décidé de finir mes études, de revenir au pays, de créer une autre voie de succès pour inspirer tous ces jeunes en quête de repères. Étant déjà porté par le vent de la prise de risque et de l’initiative, associé à l’envie de créer du changement dans ma communauté, je suis rentré après mes études et j’ai créé mon entreprise.
Créer son entreprise juste après ses études… Ça paraît facile, non ?
Pas du tout. J’ai commencé mon aventure entrepreneuriale fin 2016 début 2017 en créant Ivoir Trips International. Nous avons fait du chemin. Aujourd’hui je dirige cette entreprise qui emploie quinze (15) personnes qui opèrent dans trois (3) domaines d’activités.
Vous venez de remporter le Prix du meilleur jeune entrepreneur au Wecanda Awards 2023. Est-ce la consécration ?
On peut dire que c’est une étape. Le chemin est encore long. Le Prix du meilleur jeune entrepreneur de l’année, comme son nom l’indique, a pour objectif de mettre les projecteurs sur les meilleures initiatives qui ont rehaussé l’image de la Côte d’Ivoire en 2023. C’est une très belle initiative qui vient récompenser l’ensemble de nos initiatives et nous montrer à quel point ce que nous faisons compte pour le pays et aussi célébrer l’impact que nous avons sur nos différentes communautés. Ce prix est très important pour moi et mon équipe, dans la mesure où nous avons vraiment travaillé pour en arriver là. L’année a été challengeante à tous les niveaux et chaque fois, il a fallu donner plus que ce qu’on avait. Ce prix vient nous montrer que nous avons bien fait et qu’il faut encore travailler pour donner à la Côte d’Ivoire et à l’Afrique le meilleur.
L’entrepreneuriat, c’est avant tout les risques. Mais, bien plus un chemin parsemé de difficultés. On imagine aisément les vôtres. Comment arrivez-vous à les surmonter ?
En tant qu’entrepreneur, j’ai des défis financiers pour passer à une autre étape de mon ambition. Il y a également les ressources humaines. En effet, je travaille avec des jeunes qui arrivent pour la plupart sans expérience professionnelle. Il faut former, orienter, manager au quotidien. Sans compter ceux qui intègrent l’entreprise sans engagement.
L’État fait beaucoup actuellement pour rendre l’écosystème entrepreneurial assez attractif. Cependant, il faut que l’État mette en place un système pour protéger les champions nationaux. Car, bien souvent, nous exerçons dans un environnement où nos moyens sont faibles face à ceux qui viennent d’autres pays avec beaucoup de moyens financiers, matériels et un réseau.
Prix du meilleur jeune entrepreneur. Forcément, il y a un secret à partager aux autres jeunes qui souhaitent se lancer ?
Si vous n’êtes pas capables de vous oublier pour les autres, abandonnez l’entrepreneuriat. Je demande aux jeunes de tout faire pour développer leur courage et leur persévérance. Le courage est le dénominateur commun de toutes les personnes qui réussissent dans cette vie, qui créent leur vie sur mesure et arrivent à faire la différence. Rien au monde ne peut remplacer la persévérance et le talent.
Le but de la vie, c’est d’être légendaire c’est-à-dire, vivre une vie qui te permet de laisser un héritage qui inspire. L’Afrique a soif de leaders. L’Afrique a soif de modèles. Personne à part nous ne pourra étancher cette soif. Au cours de la prochaine décennie les principaux débouchés économiques viendront des africains qui montent des entreprises, créent des emplois, de la richesse et saisissent des opportunités de croissance.
Il est de notre intérêt en tant que jeunes africains d’avoir confiance en nous, d’être solidaire, de croire en notre avenir et en notre continent pour réécrire son histoire. Une histoire beaucoup plus positive et saine. C’est le moment de penser à entreprendre et former des leaders absolus. Le but c’est d’être légendaire !
Réalisée par Fernand Appia