Le gouvernement a eu connaissance, la semaine dernière, via le Conseil de gouvernement, d’un projet de Plan national multisectoriel de nutrition 2024-2027 (PNMN). Il a été élaboré sous la haute autorité du vice-président de la République. Un projet qui pourrait faire de l’ombre au Conseil national pour la nutrition, l’alimentation et le développement de la petite enfance (CONNAPE).
Avant que ce projet ne soit implémenté avec la caution du gouvernement, ce qui pourrait intervenir sous peu, il n’aura échappé à personne que la Présidence et la Primature se disputent déjà la tutelle du CONNAPE. Cependant, l’éventualité de l’adoption de ce projet charrie un certain nombre d’inquiétudes du côté des Ivoiriens qui ne comprennent pas très bien pourquoi l’on veut cour-cicuiter le Conseil national pour la nutrition, l’alimentation et le développement de la petite enfance (CONNAPE) qui fait déjà un travail fort remarqué depuis sa création en 2014. Il a toujours été sous la tutelle de la Primature. Et a toujours bien fonctionné. Alors, pourquoi changer une équipe qui gagne ? Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? C’est-à-dire qu’il serait tellement plus indiqué de soutenir le travail du Secrétariat exécutif en renforçant ses prérogatives afin de le rendre plus opérationnel avec des Comités régionaux efficients dirigés par les préfets. Or, ces gouverneurs n’ont pas de budgets de fonctionnement. Justement, ce budget, le CONNAPE devra le mobiliser par le biais de projets. Aussi, la Banque islamique est-elle prête à injecter 7 ou 8 milliards FCFA dans la structure pour son fonctionnement. Il y a également la Banque mondiale disposée à mettre 5 milliards FCFA sur la table. Ce qui va faire un total estimé à près de 13 milliards FCFA. Cet argent pourrait faire bouger les Comités régionaux qui constituent les structures de base du CONNAPE. Un Comité régional comprend le préfet, les directeurs régionaux de la Santé, de l’Agriculture, des Ressources animales et du Plan. Ce sont ces 5 personnes qui composent le secrétariat du Comité régional, ce dernier ayant pour mission d’adresser les besoins nutritionnels de sa zone de compétence. C’est à sa suite qu’intervient le Secrétariat exécutif qui se charge de trouver des solutions aux différentes requêtes soumises aux Comités régionaux. Il s’en suit que s’il advenait que le gouvernement accepte de dissoudre le CONNAPE au bénéfice du PNMN, l’on se retrouverait à la case départ en ruinant les acquis engrangés sous le Conseil national pour la nutrition qui peut être crédité de résultats probants sur toute l’étendue du territoire national. Alors, faut-il mettre tous ces efforts à l’eau ? Pourquoi et pour qui ? Ce qui pose la question de la finalité de ce chamboulement, puisque le CONNAPE fait déjà le travail pour lequel va être créé le PNMN. C’est connu, il est malsain de déshabiller Paul pour habiller Pierre. Le gouvernement est donc prévenu. La dissolution du CONNAPE ne réglera aucun problème. Au contraire. Surtout que cette structure a la confiance de grands organismes tels que l’UNICEF, l’OMS et bien d’autres qui lui apportent leur soutien dans le cadre de ses activités. A savoir, entre autres, son engagement dans la prise en charge des enfants souffrant de la malnutrition. En clair, le Conseil national pour la nutrition a besoin d’être soutenu pour mener à bien ses missions. Notamment, le développement de la petite enfance qui constitue le fondement d’une vie d’adulte épanouie. C’est dire toute l’importance du CONNAPE.
Chris Monsekela