Il y a peu de temps, le gouvernement appelait les partis politiques ivoiriens à une nouvelle session du sempiternel dialogue politique, à l’effet d’examiner les sujets qui fâchent, et dont la résolution permettrait de voir sereinement venir demain. Mais contre toute entente, la rencontre fut reportée sine die. Et dans la foulée, les ivoiriens furent surpris d’entendre de la bouche du procureur de la République, que les leaders des partis de l’opposition, notamment messieurs Henri Konan Bédié, Affi N’guessan, Mamadou Koulibaly, Assoa Adou, Mabri Touakeusse et Mme Simone Gbagbo seront poursuivis pour le mot d’ordre de désobéissance civile et les heurts qui s’en sont suivi pendant la période préélectorale de 2020.
Comment le pouvoir RHDP peut-il vouloir la paix en initiant le dialogue politique, et désirer la confrontation en projetant la poursuite en justice des leaders de l’opposition au même moment? Quelle est cette propension à toujours vouloir évoluer dans une atmosphère politique trouble ? Cela dépasse tout entendement !
Pour comprendre cet état de fait, il serait peut-être utile de revisiter la naissance et l’enfance du RHDP pour essayer d’avoir des pistes concevables d’explication de ce comportement difficilement compréhensible; explication peut-être liée au difficile accouchement et à la rudesse de l’enfance du RHDP.
L’accouchement de l’enfant unique dont le nom « RHDP » fut trouvé avant même sa conception, fut des plus difficiles. Une césarienne a été d’une absolue nécessité pour sortir cet enfant qui ne voulait pas sortir. Mais pour cela, les deux parents, père RDR et mère PDCI se devaient de s’accorder sur la conduite à tenir. Ce ne fut pas évident.
Autant père RDR était pressé d’entendre les premiers cris de protestation de l’enfant RHDP sur cette terre injuste des hommes, et prouver ainsi que sa virilité ne saurait être mise en doute, autant mère PDCI trainait des pieds pour « pousser », redoutant certainement les douleurs intenses que lui infligerait l’enfant. Mère PDCI hésitait également à goûter à l’extase d’un bonheur incertain, où il ne lui reviendra pas l’honneur de choisir le nom de l’enfant, tâche dévolue dans nos sociétés au père.
C’est dans ce jeu de cache-cache teinté d’hypocrisie que les deux partis faisaient chorus les jours pairs, pour annoncer la bonne nouvelle de la naissance de l’enfant, puis les jours impairs, mère PDCI sortait seule de la maternité pour affirmer que le travail pré-accouchement s’est estompé, donc point d’accouchement.
Quelques temps après cet épisode, la bonne nouvelle de la naissance de l’enfant RHDP envahit tout le pays.
Elle fut accueillie dans une joie et une allégresse indicibles. Mais au moment où plusieurs personnes en liesse s’apprêtaient à entonner le cantique qui a bercé leur enfance tous les 24 décembre, « …il est né le divin enfant… », au moment où d’autres personnes, les bras chargés de flacons d’eau de Cologne, de savons et de serviettes dans la pure tradition africaine, d’autres encore munis d’encens, de myrrhe et d’or pour aller saluer la mère et faire allégeance à l’enfant divin, mère PDCI apparut sur le perron de la maternité et fit savoir que l’enfant est retourné dans son ventre, même s’il y a eu des pertes d’eau. La déception fut à la dimension des attentes et des espoirs placés en cet enfant divin.
Après plusieurs jours d’attente, l’enfant naquit enfin. Toute la gloire fut rendue à l’Incréé de l’avoir enfin donné à l’humanité. Mais que de péripéties ! Que de souffrance ! Enfin la délivrance !
Ce fut vraiment difficile. Comment pouvait-il en être autrement ? Tout accouchement est difficile et douloureux.
Après les caprices de mère PDCI qui refusait de « pousser », père RDR dut employer les grands moyens. Il n’était pas question qu’on mît en doute sa virilité et sa fertilité !
Mère PDCI fut ligotée au lit d’accouchement et ordre fut donné au médecin-accoucheur de faire une césarienne pour sortir l’enfant RHDP au destin immense, venu pour sauver le pays.
Mais à la surprise générale, l’enfant RHDP naquit handicapé. Il présentait des handicaps ahurissants : Il était estropié, borgne, manchot, sourd, et presque muet. Quel destin !
Mais il est tout de même né, et là se trouvait l’essentiel.
Père RDR, dans une joie incommensurable, a décidé de récompenser tous ceux qui d’une manière ou d’une autre, avaient œuvré à la naissance du bienheureux enfant RHDP. Ainsi, les oncles et les tantes que sont l’UDPCI, l’UPCI, le MFA, Pit, les bras chargés de cadeaux avaient sillonné villes, villages et hameaux pour porter la bonne nouvelle, afin que tout le peuple d’Eburnie lui fît allégeance.
Mais de l’enfance à l’adolescence, l’enfant RHDP a toujours adopté une incompréhensible posture de belligérance et de tribu assiégée, prêt à en découdre avec tous ceux qui ne partagent pas ses points de vue, ou qui contestent son autorité. Il est un adepte de « la politique du gros bâton », A la différence des autres adeptes de cette doctrine, que lui ne parle pas doucement, une fois le bâton en main.
Voilà d’où vient la posture toujours belliqueuse du RHDP, un caractère forgé par son difficile accouchement, la peur d’aller à un combat loyal contre ses adversaires, mais surtout la peur d’un lendemain dont il n’a pas la maîtrise.
Ne dit-on pas que l’enfance est le père de l’homme ? Ceci explique certainement cela.
Qu’en sera-t-il quand l’adolescent deviendra adulte ? Comment agir a-t-il lorsqu’il n’aura plus le gros bâton en main ? Nul ne saurait répondre à ces questions. Demain nous situera certainement. Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA, ANALYSTE POLITIQUE