Assis sur un rocher, en face du gardien, le génie de la forêt sacrée de Niagbameko, Goblé Légou. Notre entretien peut commencer. Après, bien sûr, des libations.
Où sommes-nous ?
Nous sommes ici à l’entrée de la résidence de Dieu. Le Dieu lumière, l’Eternel.
Je vois des rochers. Nous sommes assis sur des rochers…
Oui, je le confirme. Mais, c’est l’entrée de la résidence du Dieu vivant. Tout ce que vous voyez, ces rochers, ces arbres, cette petite rivière qui coule, c’est le décor que Dieu a voulu installer dans sa résidence comme toi tu choisirais le décor de ton salon.
Dieu n’est pas au ciel donc… Vous dites que Dieu est ici, en ces lieux ?
Ecoutez. Notre Dieu est amour, un Dieu de paix qui aime ses enfants. Vous pensez qu’un père peut être loin de ses enfants ? Non et non. Un père est aux côtés de ses enfants qu’ils aiment pour les éduquer, les secourir, les mettre sous sa protection. Son regard est sur eux. Dieu n’est donc pas au ciel, mais en ces lieux, avec nous.
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Pourquoi avons-nous ôté nos chaussures avant d’y entrer ?
(Goblé Légou fixe l’horizon. Tourne la tête comme s’il cherchait la réponse dans cette forêt qui nous embaume de son odeur des temps anciens. Une forêt primaire, elle l’est tant les arbres sont gigantesques et les contreforts immenses. Apres quelques minutes comme s’il était revenu à lui, il me fixe les yeux et répond). Ici est la demeure de Dieu. Sa résidence. Donc un lieu sacré. C’est pourquoi avant d’y entrée, l’on se déchausse. On se retire de tout ce qui est souillure. Bague, argent et tout ce qui est idolâtre.
Certaines écritures annoncent qu’à un Prophète du nom de Moise, Dieu lui a dit : « Ôte tes chaussures par ce que tu es sur une terre sainte ».
Tu crois à cela, mais, pas à ce que te dis celui qui est en face de toi. L’Afrique se perd. C’est pourquoi, j’affirme qu’un peuple qui n’a pas l’étymologie de sa langue n’a ni le pouvoir ni la science d’avancer. Un tel peuple se meurt et disparait. L’Afrique doit revenir à sa culture. Ils sont prêts à aller visiter le Mont Sinaï, le Mont Horeb, les murs de Lamentation, le Jourdain, ces lieux qu’ils disent sacrés. Et pourtant, les africains abandonnent ce que Dieu leur a donné. Comment pouvons-nous développer ?
Quelle est votre mission sur cette terre ? Vous étiez en France. Vous en êtes revenus pauvre. Vous êtes devenu le gardien d’une forêt sacrée. Avez-vous l’impression que vous êtes compris ?
Beaucoup disent que je suis un parisien moisi. Ils ne comprennent pas le sens de la vie. Ce n’est pas moi qui ai décidé d’aller en France. Non. J’y étais en mission pour voir comment ils entretiennent leurs lieux saints. (Il nous montre la photo du Mont Saint Michel). Ici, la forêt sacrée de Niagbameko, est sacré. Il est entretenu et visité par des milliers de personnes. Des africains y vont aussi. Ils nous appellent des noirs et eux ils se disent blancs. Voici un crime que nous acceptons. Nous acceptons cette vérité. Nous ne sommes pas des noirs et eux pas des blancs. Il y a une différence entre la couleur de leur peau et la neige. Autant, il y a une différence entre la couleur d’un tableau noir et l’africain.
Que souhaitez-vous qu’on retienne de tout ça?
Que l’Afrique revienne à sa culture, à sa source. Mais, surtout que les Africains, les sachants se réunissent là où ils peuvent pour que nous ayons notre propre langue et nous abandonnions l’oralité. Les Français ont créé leur académie. Ils ont leur écriture. Les arabes, les asiatiques aussi. Seuls les Africains n’ont pas d’écriture. C’est pourquoi j’ai initié l’écriture de tous ceux qui parlent Dida et Bété (Qui disent HENA. Je suis professeur d’HENALOGIE. Le tome 1 est disponible. J’ai pour mission de faire comprendre à l’Afrique qu’elle doit revenir à ses valeurs. Sinon elle disparaitra.
Réalisé par Zagba Dodo, correspondant régional