Le mardi 27 août 2024 au siège du Conseil National des Jeunes de Côte d’Ivoire, s’est tenu le lancement de la campagne de l’ONG Opinion Éclairée autour du thème « Participation politique des femmes, et si on osait le matrimoine ? ». Cette conférence inaugurale a été animée par De Laure Nesmon, présidente de ladite ONG.
Partant de faits concrets, De Laure Nesmon affirme que la participation politique et civique des femmes reste entravée par des préjugés sociaux. En effet, les partis politiques ont subi des pressions pour atteindre un quota de 30 % de femmes lors des élections locales de 2023, un objectif difficile à respecter en raison de la persistance du patriarcat et du sexisme ordinaire. C’est face à cette réalité que l’ONG Opinion Éclairée a jugé utile de remonter dans l’histoire pour promouvoir l’héritage matériel et immatériel des ivoiriennes et des africaines, notamment en termes d’occupation de l’espace civique.
« Osons le matrimoine » est le slogan que s’est trouvée l’ONG Opinion Éclairée pour parler de sa campagne de plaidoyer pour la restitution et la diffusion du matrimoine ivoirien et africain. Cette conférence est donc un prétexte pour montrer l’importance du matrimoine comme outil d’émancipation, de déconstruction des préjugés qui entravent la participation politique citoyenne et civique des femmes. C’est aussi un appel à l’action autour de la recherche d’informations sur les œuvres faites par les femmes, pour faire comprendre la vraie histoire des femmes et réduire les préjudices sexistes qui empêchent leur pleine contribution citoyenne. Par le matrimoine il faut donc comprendre l’héritage laissé par nos mères.
N’ayant pas la science infuse sur la question du matrimoine, De Laure Nesmon n’a pas hésité à inviter chacun à s’impliquer dans ce projet pour la bonne diffusion du message. « Nous avons aussi besoin de l’implication des jeunes et des hommes dans ce programme pour faire passer le message. C’est donc un projet inclusif », a-t-elle déclaré.
Poursuivant, elle explique que la contribution des femmes n’est pas visible parce que les hommes négligent l’implication de ces dernières. Du coup, cette initiative mémorielle vient remédier à cette problématique. D’ailleurs, il ne vient pas éteindre ou remplacer le patrimoine, mais il vient plutôt comme une participation pour corriger les préjugés sociaux née du système patriarcal. « Ce n’est pas un remplacement, mais une participation ».
Lors de la conférence, le public a manifesté un grand intérêt au regard des interventions dynamiques, notamment avec l’intervention de Pulchérie Gbalet, présidente de l’organisation Alternative Citoyenne Ivoirienne. Elle a soutenu que c’est bel et bien le non-respect des lois qui restreint la participation de la femme. Une autre participante a affirmé que les hommes devraient soutenir les femmes dans leur intégration dans la société ; Une déclaration qui a suscité des débats. Simplice Dion, professeur et philosophe, a réagi en s’opposant à ce point de vue, affirmant que ce sont les hommes, en quête de domination, qui ont relégué les femmes à un rang inférieur et celles-ci l’ont accepté. Selon lui, même si les hommes devaient aider les femmes, ce serait toujours avec leurs propres intérêts à eux.
La conférencière a conclu en disant que le matrimoine est plus que politique. C’est aussi culturel, social, à tous les niveaux. Le matrimoine est pour aider à l’égalité dans la société. Cette valorisation de l’héritage matériel et immatériel des femmes est l’inclusion de ces dernières ainsi que des jeunes.
Cette conférence a eu pour invitée spéciale la Fondation de l’Innovation pour la Démocratie, représentée par Mr Arthur Banga, analyste politique, professeur et historien et a compté aussi la présence de plusieurs personnes remarquables. Hormis Mme Pulcherie Gbalet, la présidente de l’organisation Alternative Citoyenne Ivoirienne, Maître Aka Sandrine, présidente des femmes juristes de Côte d’Ivoire et bien d’autres ont pris plaisir à débattre.
Rebecca Dabiré