Soro Guillaume s’est livré à ses compatriotes. Pour le nouvel an, le Président du Générations et Peuples Solidaires, Guillaume Kigbafori Soro s’est adressé aux Ivoiriens. L’homme qui séjourne depuis quelques années en Europe a tenu à rendre hommage à ses compatriotes. Il a souhaité ses vœux les meilleurs et a demandé la liberté des prisonniers politiques. Soro Guillaume a fait un tour d’horizon de l’actualité sociopolitique ivoirienne. L’intégralité de son speech.
Ivoiriennes
Ivoiriens
Mes Chers compatriotes,
En ce dernier jour de l’année 2022, je m’adresse à vous, pour partager avec chacun d’entre vous, mes espoirs, mes attentes et mes prières pour notre nation. Si pour certains, les vœux du nouvel an sont un moment de ferveur pour célébrer la vie, pour d’autres, c’est l’occasion de se poser des questions à propos d’épreuves que le destin impose parfois.
Je voudrais, avant toute chose, rendre un hommage mérité et solennel à tous nos compatriotes qui, de jour comme de nuit, tout au long de l’année, consentent d’immenses sacrifices pour la nation entière, afin que chacun puisse jouir de toutes ses libertés et exercer pleinement ses droits.
Vous qui, dans le silence de la nuit, la fraîcheur des aurores, le calme des bureaux, le tumulte des machines et des outils, contribuez avec votre sueur et votre intelligence à bâtir le pays de nos pères et de nos fils ; vous paysans, ouvriers, personnels soignants, vendeuses de nos marchés, commerçants, membres de la communauté des affaires, membres de nos forces armées, de nos forces de l’ordre, et de toutes ces professions qui constituent le pilier de notre vie et de notre mode de vie, ce soir, à tous, je dis : MERCI.
Je me réjouis pour tous ceux qui connaissent le confort des jours fastes, mais en même temps, je me dois d’avoir une pensée particulière pour ceux d’entre nous qui croulent sous le poids des injustices, des brimades de toutes sortes, des privations nombreuses et avilissantes.
J’exprime ma compassion et ma solidarité sans faille à toutes les personnes qui sont alitées, luttent contre la maladie ou restent confrontés aux difficultés du quotidien.
Mes pensées vont également aux nombreuses familles victimes des différents déguerpissements sans accompagnements conséquents de la part du pouvoir et, bien souvent, au mépris des procédures d’expropriation pour cause d’utilité publique.
Comme je les comprends, ces compatriotes étreints par la misère et la détresse sociale, étendus les yeux rivés vers le ciel, et qui se demandent : où vais-je passer la nuit, vais-je pouvoir manger demain ? Cette nouvelle année, je veux l’aborder avec vous sous le signe de l’espoir et de la solidarité.
Chers compatriotes,
Dans la crise politico-militaire qui a opposé les gouvernements ivoirien et malien, la voie de la négociation que nous avions prônée depuis plusieurs mois, comme étant la seule et unique appropriée pour obtenir la libération des militaires emprisonnés, a fait ses preuves. Je me réjouis de constater que mon conseil ait été suivi par les autorités ivoiriennes et que grâce à la patiente médiation togolaise, les lignes aient bougé dans le bon sens pour permettre la libération de nos soldats. Je salue chaleureusement et remercie toutes les bonnes volontés qui ont concouru à ce dénouement heureux.
Par ailleurs, je tiens, dans un esprit républicain, à saluer le retour au bercail de plusieurs Ivoiriens exilés suite à la meurtrière crise postélectorale d’octobre 2010.
Cependant, des dizaines d’autres fils et filles du pays demeurent contraints à l’exil ou restent arbitrairement emprisonnés, notamment pour des raisons liées à l’exercice de leurs droits et libertés politiques. Ce sont des détenus politiques et il faut leur rendre leur liberté. Je pense à tous les militants de GPS notamment mon ami et frère Soul To Soul, à Mme Pulchérie Gbalet, aux anciens membres de ma sécurité rapprochée qui sont punis pour avoir servi la patrie en accomplissant leur service à mes côtés. Je réclame pour eux liberté. Je réclame pour eux justice et réparation.
La Côte d’Ivoire véritablement démocratique et prospère que nous appelons de nos vœux, ne peut se bâtir sur l’injustice, la vengeance, les règlements de comptes mesquins. Je voudrais renvoyer les gouvernants d’aujourd’hui à leur propre parcours, à leur propre vécu afin qu’ils se rappellent que l’injustice finit, tôt ou tard, par la ruine de l’injuste. « Qui sème l’injustice moissonnera l’iniquité et son règne de terreur prendra fin » nous enseignent les Saintes Écritures en Proverbes 28:8.
À tous nos compagnons politiques et à tous les compatriotes désireux de paix et de réconciliation dans une Côte d’Ivoire véritablement démocratique et prospère, je voudrais rappeler l’âpreté du chemin de la liberté et inviter à la résilience. Beaucoup s’interrogent : pourquoi nous ne faisons pas comme certains, ceux qui sont rentrés ? Pourquoi ne regagnons-nous pas notre pays, s’il le faut en allant à Canossa ? Pourquoi nous choisissons la voie rugueuse de l’exil et des privations alors que nous pourrions rentrer, nous mettre en rang comme tout le monde et attendre, accroupis, les mains dans le dos, que l’on veuille bien nous pardonner notre désir de liberté et de démocratie !
A tous, je dis : « Dieu fait toute chose bonne en son temps ». Ne soyons pas pressés. Ne nous précipitons pas. Ne soyons pas impatients. Ne ruinons pas une vie de lutte et de combats aux perspectives lumineuses simplement parce que nous pensons que certains, qui n’ont pas plus de mérite que nous, se promènent en liberté malgré les chaînes qu’on leur a posées. C’est la politique qui nous a jetés dans l’épreuve du feu, et c’est par la politique que nous en sortirons. Pas par des larmoiements.
Je cite Victor Hugo : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front. Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime. » Nous sortirons de cette situation, que nous n’avons pas cherchée, dans l’honneur et la dignité.
Nous avons fondé en juillet 2019, le mouvement Générations et Peuples Solidaires comme alternative crédible pour une Côte d’Ivoire apaisée, démocratique et prospère. Notre objectif, en fondant cette voie, est de tempérer les excès de la politique économique néolibérale prédatrice menée chez nous, qui envisage de créer de la croissance, mais qui ne fabrique que de la pauvreté, des désastres sociaux et humains, et se montre depuis plus d’une décennie incapable de diversifier notre économie, outrageusement dépendante du café-cacao. Un régime qui a délaissé le développement du facteur humain et qui a systématiquement recours à des déficits massifs pour financer les dépenses publiques et dont l’impéritie se mesure chaque jour à l’aune des scandales de corruption et de détournement qui rythment désormais notre vie quotidienne.
Notre démarche constitutionnelle fit face aux foudres répressives du pouvoir et continue d’être soumise à une batterie d’initiatives répressives, en seulement trois années d’existence.
C’est le lieu pour moi de saluer le courage des militantes et des militants qui, en dépit des difficultés, continuent le travail d’implantation de notre mouvement qui gagne du terrain et suscite, chez nos compatriotes, de réels espoirs. La grande mobilisation du 19 novembre dernier, à la faveur de la remise officielle du rapport de Comité de Fusion, a fait la preuve de la résistance et de la force de notre mouvement.
C’est à nous et à nous seuls, qu’il appartient de nous débarrasser de la peur face aux violences et autres formes d’intimidations pour bâtir solidement Générations et Peuples Solidaires.
Depuis la naissance de notre Mouvement, nous avons su résister, à travers les tempêtes et les orages, rester unis et parcourir ensemble ce chemin dont nous pouvons légitimement être fiers. Mais il nous reste encore beaucoup à faire. Beaucoup de vies à reconstruire, beaucoup d’espoirs à rebâtir, beaucoup de blessures à panser, beaucoup de cœurs à consolider, beaucoup de travail à faire sur la voie du Pardon et de la Réconciliation.
C’est pour faire face à tous ces défis que, cette année, vous m’avez fait l’honneur de me reconduire à la tête de GPS, à l’occasion de la session de la Conférence Nationale d’Expression Citoyenne (CNEC).
Je me suis engagé à faire une profonde réforme de notre mouvement afin de le conformer aux exigences de notre lutte et d’en faire un véritable instrument de conquête du pouvoir par la voie démocratique. C’est ce à quoi je m’atèle depuis quelque temps.
L’un des axes majeurs de notre projet de réforme était de conduire la réforme et la fusion de GPS à son terme. Eh bien, c’est aujourd’hui chose faite. Cette fusion a bien eu lieu et elle a livré ses recommandations dont nous avons déjà entamé la mise en œuvre.
Côte d’Ivoire :
Mesdames et messieurs ;
Chers militants et sympathisants ;
Les prochains jours, j’avancerai encore dans la voie des réformes. J’annoncerai des décisions lors d’une grande interview que j’entends réaliser très prochainement.
Aux Ivoiriens en général et aux membres de GPS en particulier, je voudrais lancer un message d’espoir. Notre destin est d’être une nation leader, une nation de leaders qui éclairent le chemin vers la démocratie, vers l’union, vers le développement et vers la paix. Ma vie tout entière est tendue vers un seul objectif : rassembler les Ivoiriens, en faire une Nation unie, un peuple fort à travers la diversité des populations et des générations. Et je consacrerai toutes mes forces à la réalisation de cette exigence, en ayant à cœur non pas de soigner mes vexations personnelles, mais d’avoir la possibilité de soigner enfin un peuple blessé par trois décennies de crise.
Au nom de cet idéal, comme vous le savez, j’aborde sans haine et sans rancœur, ma quatrième année d’exil. Le régime au pouvoir en Côte d’Ivoire a décidé de mener contre moi une guerre implacable, usant pour cela de tous les moyens, judiciaires, sécuritaires et militaires de l’État, avec le secret espoir de m’éradiquer définitivement de la scène politique nationale et de l’esprit de nos concitoyens. Ces efforts n’ont en rien altéré ni notre moral, ni notre détermination. Bien au contraire ! Je voudrais vous assurer que je me porte bien et demeure résolu à poursuivre, avec vous, notre noble combat.
Ces longues années d’exil ont forgé en moi une détermination bien plus forte et loin de me démoraliser, contribuent à mobiliser mes efforts pour réduire les seuls vrais ennemis auxquels nous devons faire face : la pauvreté, la maladie, le chômage, la haine, la violence urbaine et le terrorisme qui chaque jour menace de s’enraciner dans notre pays.
Beaucoup parmi nos compatriotes et nos amis se demandent si nous avons encore un avenir dans ce pays.
J’ai l’avantage de connaître l’histoire d’illustres devanciers, dont les noms figurent au panthéon politique africain, qui ont connu les affres de l’exil, les souffrances de la prison, malgré leurs déboires et en dépit des signes qui semblaient prédire le contraire, ont réalisé leur destin et changé positivement le sort de leur nation.
Je l’ai souvent dit : l’on rencontre son destin bien souvent par le chemin qu’on emprunte pour l’éviter, y compris celui vers lequel nous pousse nos ennemis. Ceci est une vérité intemporelle.
A nos frères d’Afrique, je dis : attention aux dangers des troisièmes mandats qui ont embrasé notre continent et dont la tentation se fait forte, chaque jour, dans de nombreux pays et dont nous voyons les sinistres prémices se dessiner dans des pays africains proches et lointains.
Chers compatriotes,
Comme toute année nouvelle, 2023 s’offre à nous avec son lot de rêves et d’espérances. Aussi, voudrais-je partager avec vous l’espérance en une Côte d’Ivoire sincèrement engagée sur le chemin de la paix et de la réconciliation, en un pays véritablement démocratique où chacune et chacun pourra librement exercer ses droits et libertés sans risque d’être inquiété.
À toutes et à tous, je forme les vœux de paix, de santé, de succès et de prospérité.
Bonne et heureuse année 2023.
Président de Générations & Peuples Solidaires