La question des primes, l’amélioration des conditions de vie des travailleurs du privé, etc. sont les questions auxquelles répond le président de la plateforme nationale des organisations professionnelles des secteurs publics et privés de Côte d’Ivoire, Gnagna Zadi.
Nous avons constaté que depuis un moment, vous parcourez la Côte d’Ivoire. Que recherchez-vous ?
La centrale Plateforme est une organisation particulière qui évolue dans le domaine de la lutte ouvrière de notre pays. Elle est née de la volonté des syndicats de base. Nous sommes donc sur le terrain pour garder le contact permanent avec les travailleurs. Nous prenons en compte leurs aspirations et nous les transformons en revendications.
Quelles sont les préoccupations majeures des travailleurs du privé que vous avez identifiées?
Le secteur privé a de grandes préoccupations. Les travailleurs du privé travaillent dans des conditions difficiles. La liberté syndicale n’existe pas dans le privé. Ils ont pour interdiction de revendiquer. Les patrons n’hésitent pas à renvoyer les travailleurs qui revendiquent pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Pour certains travailleurs, le salaire est très. Aussi, nous avons constaté que plus de 80% des travailleurs du privé ne sont pas déclarés à la CNPS. Ils sont exploités par des chefs d’entreprise qui se comportent comme des esclavagistes.

Que fait la plateforme face à toutes ces injustices que subissent les travailleurs ?
La centrale est une structure d’écoutes qui fonctionne un peu comme une organisation juridique. Notre rôle, c’est de faire en sorte que nos camarades travailleurs soient protégés. Toutefois, il faut que les syndicats existent pour que les centrales puissent être présentes pour porter leurs voix. Or, il est difficile de créer des syndicats dans le secteur privé puisque des chefs d’entreprise n’en veulent pas. Toutefois, pour les entreprises où il y a des syndicats, nous avons demandé une amélioration des conditions de vie des travailleurs surtout au niveau du salaire. Pour les travailleurs du privé, nous voulons que le SMAG et le SMIG soient remplacés par le SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance comme en France. En réalité, le SMIC est indexé par le coût de la vie. C’est pareil pour le secteur public où nous demandons que les indices référentiels de base soient revalorisés. Nous appelons l’Etat qui est le garant des normes internationales du travail décent à faire preuve de rigueur dans le contrôle de ces secteurs d’activités.
La plateforme est considérée comme une centrale depuis 2019, qu’est-ce qui fait qu’elle n’est pas reconnue ?
Il y a un processus qui a abouti à notre reconnaissance en 2019 par le ministère de l’emploi. Il y avait 14 organisations qui avaient postulé pour être reconnues comme des centrales syndicales. 6 dont la plateforme avaient été retenues. Il fallait donc aller aux élections professionnelles pour ne retenir que 5 parmi les 6 centrales comme le stipule les articles 53 et 54 du code du travail. Au cours de la même année, tout a été arrêté. Quand le processus a été arrêté, le ministère s’est basé sur l’ancienneté et qui est un critère qui n’est inscrit nulle part dans le code du travail pour faire ses choix et reconnaître les 5 autres centrales avec lesquelles nous devions aller aux élections professionnelles. La plateforme est donc victime de sa jeunesse. Pourtant depuis 2017, avec l’implication forte de notre centrale, le dialogue social a donné des résultats. Notre apport pour la paix sociale est indéniable. Je pense que la plateforme mérite d’être reconnue. Et, le faisant, ce n’est pas une récompense, ce n’est que justice. Nous savons que justice sera faite.
Comment vous arrivez à travailler sans financement ?
Nous vivons de dons et de legs. Nous vivons également de l’appui financier des syndicats membres de la plateforme par des cotisations directes et indirectes. En somme, nous nous battons avec nos moyens pour exister. Normalement, un syndicat doit vivre de cotisations de ses membres afin qu’il soit indépendant. Le financement de l’Etat doit être un additif. Cependant, le problème que nous avons en Côte d’Ivoire est que les travailleurs surtout ceux du public refusent de cotiser. Cela affaiblit les organisations qui deviennent des quémandeurs de subventions auprès de l’Etat. D’où la lenteur dans le traitement des revendications. En Europe, les syndicats sont forts parce que leurs militants cotisent. C’est le défi que nous devons relever en Côte d’Ivoire. Nous avons demandé aux organisations membres de la plateforme de mieux structurer les syndicats en identifiant les militants pour que ces derniers cotisent.
Quelles sont les perspectives de la Plateforme ?
Nous nous organisons pour les sectorielles. Nous avons tenu récemment une réunion pour le point des négociations sectorielles. Nous avons constaté que bon nombre de ministères traînent les pas soit dans la mise en place des comités soit dans leur fonctionnement. Nous encourageons les ministères qui ont démarré les séances de concertations à les poursuivre car la fondation de cette trêve sociale qui est en cours repose sur le succès des sectorielles. Il faut que les négociations aboutissent à des résultats pour que les fonctionnaires aient confiance en leurs différentes tutelles. Nous appuyons les revendications de nos camarades qui souhaitent que les primes trimestrielles ou mensuelles soient généralisées au niveau de la fonction publique pour que la justice sociale telle qu’incrustée dans le statut général de la fonction publique soit une réalité.
Réalisée par Adélaïde K.