Dans un rapport qui s’appuie sur des enquêtes de terrains et des images satellites, l’ONG environnementale américaine Mighty Earth a récemment dénoncé l’inaction de l’Etat ivoirien face à la déforestation, qui ne recule pas dans le pays, du fait de la culture de Cacao.
Un fait d’autant plus troublant pour l’ONG, puisqu’en 2017, les grands industriels du chocolat s’étaient engagés avec le gouvernement ivoirien à tout faire pour débarrasser le cacao issu de la déforestation de sa chaîne d’approvisionnement. Aujourd’hui, ce sont « Quelque 19 000 ha de forêts détruits depuis 2019 en Côte d’Ivoire (2% de son couvert forestier) », fait savoir l’ONG, cité par RFI, qui pointe la responsabilité de la culture du cacao. Toujours selon RFI, l’ONG Mighty Earth accuse de ce fait le gouvernement ivoirien de ne pas avoir tenu ses engagements en matière de traçabilité du cacao ou de surveillance satellite des forêts et dit toujours attendre le résultat du recensement des cacaoculteurs.
Face à ce qui se présente comme un véritable coup de massue, le ministère d’État en charge de l’Agriculture et du Développement durable, Kobenan Kouassi Adjoumani, a rassuré les partenaires européens, à savoir les membres de l’Association européenne du cacao, lors d’une réunion de haut niveau qui a eu lieu le 14 février 2022, à l’Hôtel Wiltcher’s, à Bruxelles, en marge du sommet UE-UA. «En ce qui concerne la mise en place du système unifié de traçabilité du cacao origine Côte d’Ivoire, le recensement des producteurs est achevé. L’étape en cours, à ce jour, est la codification qui se soldera par la mise à disposition des cartes des producteurs à la fin du premier trimestre 2022», a-t-il fait savoir. Avant de conclure que ‘‘le système sera complètement opérationnel avant la prochaine campagne 2022-2023’’.
Puis, c’est le ministre des Eaux et Forêts, Alain Richard Donwahi, qui a pris le relais pour rassurer les industriels européens du cacao en ce qui concerne le phénomène de déforestation souligné plus haut. « Consciente du niveau de déforestation imputable principalement à la pratique de la cacao culture, la Côte d’Ivoire avait déjà pris la mesure du problème avant d’être interpellée (…) Depuis 2020, la loi prévoit qu’au moins 10% du couvert forestier soit préservé sur toute parcelle où sera pratiquée une activité agricole et encourage, par ailleurs, la pratique de l’agroforesterie, ce qui est en conformité avec les exigences européennes sur la déforestation ».
Franck Gnahoré