Le Président du Ppa-ci, Laurent Gbagbo en séjour sur ces terres a prononcé un discours à Mama, le 13 avril. Devant ces parents réunis, il a une fois de plus lancé des piques au régime Rhdp (Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix) sur leur gestion du pouvoir.
Son discours à Mama fait suite à la visite aux populations du Guemon et du Cavally, le week-end dernier. Là encore lors de son meeting à Duékoué, il a tancé le pouvoir. Notamment sur l’abandon du projet de transfert de la capitale à Yamoussoukro.
L’intégralité de son discours de Mama
Je voudrais d’abord saluer les Chefs qui sont venus du Haut-Sassandra.
Je voudrais saluer également tous les cadres.
Je voudrais aussi saluer une de nos camarades qui est candidate à la Présidence de la Ligue des femmes, Sery Soko Sarah. Bon courage ! Merci. Battez-vous à la loyale et que la meilleure l’emporte.
Ici ce sont mes parents, donc nous vous recevons ensemble. Ce sont vraiment mes parents. Ayahô Ayahô.
Chers frères, chères sœurs, je suis heureux d’être en face de vous ici, maintenant, aujourd’hui. Je suis heureux d’être en face de vous parce que c’est le Haut-Sassandra. Quand on est d’ici, on a des souvenirs de là-bas. Et moi j’ai des souvenirs de là-bas. Daloa, Zoukougbeu, Issia, Vavoua, tu ne peux pas être d’ici et puis ne pas connaitre ces noms, ne pas être familier avec ces noms. Nous sommes très familiers avec ces noms.
Je voudrais saluer Kipré Digbeu Maurice, que ma petite soeur m’avait présenté au bureau et avec qui, j’ai eu plaisir à discuter, à travailler. Kipré, Merci, Merci, mais il faut continuer. Continue, parce que le combat que nous menons est entré dans une autre phase. Au début, les gens nous appelaient des badauds. Quand il y avait une manifestation du FPI en 90-91, on disait les badauds vont encore dans la rue. Et puis petit à petit, ils se sont rendu compte que nous ne sommes pas des badauds. Nous avons parmi nous des gens de très grande valeur et ce sont ces gens de très grande valeur qui ont tenu la Côte d’Ivoire de 2000-2010.
Nous avons tenu le pays là où d’autres, avec des milliards, ne peuvent pas le tenir. Nous avons inventé la notion de budget sécurisé avec Bohoun Bouabré, fils du Haut-Sassandra, qui hélas nous a quitté. Nous avons inventé cette notion pour être indépendant.
Tu es à la maison, si tu touches 100.000 Fcfa/ mois et que tous les jours tu veux boire du champagne, manger du caviar, manger du foie gras, tu ne pourras pas tenir. Mais si chaque matin, ta femme fait des bananes braisées pour votre petit déjeuner, à midi vous mangez votre riz avec la sauce ou alors du placali, le soir vous vous débrouillez avec ce qui est là, à ce moment tu peux tenir avec tes 100.000 Fcfa/ mois. C’est ce que nous avons fait. Jusqu’à présent les gens ne savent pas où nous avons pris l’argent pour construire Yamoussoukro. C’est pour ça qu’ils ont laissé ça comme ça. Mais on a pris l’argent de la Côte d’Ivoire, l’argent de l’État.
Moi je suis venu, j’ai trouvé trois avions. Houphouët-Boigny avait laissé 3 avions. Mais je n’ai pas acheté d’autres. 3 avions, ça suffit pour qu’un Chef d’État se déplace. Mais si tu viens, que tu achètes 05 avions, ce sont des dépenses trop grandes et inutiles. Donc on a travaillé comme ça et nous avons progressé.
Aujourd’hui quand on voit deux Kipré assis ici, Kipré Digbeu, Kipré Stéphane, c’est bien. Mais quand on voit des cadres comme ça, on est contents, on est heureux. On doit travailler pour qu’eux puissent nous aider à avancer. Il faut qu’ils nous aident à avancer. Le budget sécurisé, je ne sais pas ce qu’ils en ont fait maintenant mais je vais regarder pour voir.
Au moment où j’arrivais au pouvoir, nous devions 6.000 milliards. J’ai dit que c’était trop. 6000 milliards, comment on fera pour rembourser ? Je fais comment pour rembourser une telle énorme somme. J’ai donc entamé une négociation avec le FMI, la Banque Mondiale et avec tous les prêteurs qui prêtent à la Côte d’Ivoire. Je leur ai dit : « Mes prédécesseurs m’ont laissé une dette insupportable donc je vous demande qu’on négocie pour réduire cette dette qui n’a pas servie qu’au développement de la Côte d’Ivoire » et nous avons entamé des négociations. Dès qu’on a entamé les négociations, la guerre est venue, on nous a attaqués. Et les bailleurs avec lesquels nous négocions se sont retirés. On a calmé le front de guerre et je suis allé les retrouver. Je leur ai demandé de revenir discuter. Après discussions, le résultat est devenu la chanson de tout le monde aujourdhui, le PPTE (Pays pauvres très endettés).
Le FMI a des dispositions dans sa structuration pour les pays pauvres très endettés et où ils peuvent vous casser une partie de la dette mais vous obliger à investir, ce que vous devez rembourser, dans les routes, les écoles, les dispensaires. Aujourd’hui, ceux qui se moquaient de moi sont fiers d’avoir le PPTE. Ça existait avant quand vous étiez là mais jamais vous n’avez fait profiter la Côte d’Ivoire de ça. Ils nous ont supprimé 4000 milliards et on ne devait plus que 2000 milliards. J’ai été satisfait. Après on m’a arrêté, on m’a mis en prison, je reviens, la dette est à 17000 milliards. Ce n’est plus 6000 milliards mais 17000 milliards. Vous voyez chers amis, le travail qui nous attend demain. 17000 milliards.
Sur ce point, je voudrais aussi féliciter M. Philippe Henri Dakoury-Tabley qui a été notre Gouverneur de la BCEAO. Pour sa nomination, il y a eu la guerre, la bagarre. Ce n’est pas pour les conditions dans lesquelles il a été nommé, je le salue, mais il a été brave, il a été brave. Quand on luttait, les gens ont tout fait pour que le Gouverneur de la BCEAO désavoue la Côte-d’Ivoire, jamais il n’a accepté de désavouer la Côte d’Ivoire. Et c’est pour ça que je lui suis reconnaissant. Il n’y a pas plus grande trahison que de trahir son pays or il n’a pas trahi son pays. Il a soutenu son pays. On a mené des batailles. Vous avez vu des gens armés de fusils, passés dans les villages, même ici, tiré sur des gens. Il y a même dans mes portes de la maison, des douilles, des traces de balles. Mais la guerre était multiforme. Dakoury merci Beaucoup, merci beaucoup. Courage.
Les frères, voilà un peu ce que je peux dire. On a été au pays Wê. Il faut qu’on fasse en sorte que ces drames ne se répètent plus en Côte d’Ivoire. J’ai été visiter Nahibly et ils font semblant de faire des opérations immobilières là où les gens sont enterrés pour ne pas qu’on sache qu’il y a des morts.
Regardez-moi ça. Est-ce qu’on peut faire ça ? Est-ce qu’on peut faire ça ?
À Guitrozon, je connais. J’étais déjà allé là-bas en 2005. Là-bas, on tuait des gens comme ça sur la route et les soldats de l’ONU ne l’entendaient pas. On tuait des femmes, des enfants.
Après on a été à Duékoué-carrefour, on a vu une femme dont on a coupé le bras, des atrocités. Il faut qu’on fasse en sorte qu’on ait plus ces atrocités-là dans notre pays.
Et on vient m’arrêter pour m’emmener à la CPI. Au moment où on m’emmenait, je me suis dit que peut être qu’il y a des choses que mes soldats ont fait en cachette et dont je ne suis pas au courant. Peut-être que mes gars ont fait des choses, mais bon. Et on m’emmène devant le Tribunal, le procureur se lève et me récite tous les discours que j’entends ici à Abidjan. Il n’y avait rien de nouveau. C’est là que j’ai dit » On ira jusqu’au bout. » C’est à dire » il n’ y a rien dedans » . Et à partir de ce jour , vous pouvez demander à Stéphane Kipré qui venait me voir souvent, je disais que je ne suis pas un prisonnier mais un otage. Les gens veulent laisser gouverner leur poulin et je gêne. Donc il faut m’éloigner un peu pour qu’il puisse gouverner.
C’est lui-même qui a gâté sa chose en mettant un troisième mandat sinon normalement ces 10 ans étaient finis avec mes 10 ans de là-bas. Mais comme il a mis un troisième mandat, c’est ça qui complique un peu sa vie maintenant.
Le Président du Tribunal qui est un italien n’était pas dans la combine. Il a appelé nos avocats, après le passage des témoins à charge, et leur a dit de préparer leurs plaidoyers. Ils ont fait les plaidoyers et il nous a acquitté. Il nous a dit : » Allez à la maison » . Pour enlever la honte, le Procureur a dit qu’il fait Appel. On est resté un peu à la maison à Bruxelles, on se promenait mais ça c’était vraiment pour enlever la honte. Parce que tu ne peux pas dire que tu es allé arrêter un Chef d’Etat et on t’a mélangé, on t’a renvoyé à tes copies.
On entendait maintenant : » Gbagbo ne doit pas revenir en Côte d’Ivoire. Gbagbo ne doit pas venir ici. » Mais Ahaaaa (rires) . Si moi je ne viens pas en Côte d’Ivoire , je vais aller où ? Je ne suis pas un vagabond de nationalité. Depuis que je vis, je n’ai jamais demandé la nationalité d’un autre pays. Je n’ai jamais demandé ça. D’ailleurs mon pays, c’est la Côte d’Ivoire.
Donc les gens disaient que Gbagbo ne doit pas venir ici, il ne viendra pas. Je ne disais rien, moi je cherchais l’argent pour payer mon billet d’avion et récupérer mon passeport. Quand j’ai eu mon passeport et mon billet d’avion, je suis monté dans l’avion et je suis arrivé ici. Qui va dire que je ne peux pas venir dans mon pays ? (Applaudissements) Parce qu’ils ont cru que là-bas, les gens allaient marcher dans leur combine or, quand même, ils sont payés pour faire du droit. Et ils n’ont pas envie de gâter leurs noms pour un petit pays comme la Côte d’Ivoire. Et ce qu’ils touchent comme juges à la CPI, peut-être que les Ministres ivoiriens ne touchent pas ça.
Donc je suis là et nous reprenons le combat où nous l’avons laissé. Kipré, tu as parlé et tu as dit que vous m’invitez dans le Haut-Sassandra. Je vais venir, je vais venir, discutez avec M. Kuyo Tea Narcisse des modalités pratiques, la date. Je viendrai dans le Haut-Sassandra, chez moi, et on va continuer à travailler. On ne peut pas laisser la Côte d’Ivoire dans les mains comme ça. Donc je viens, on va continuer. L’honorable Guehi, je viens, je veux te trouver en forme quand je vais arriver.
Chers parents, chers amis, je vous remercie d’être venus, je vous remercie pour votre mobilisation. Daloa n’a jamais menti en ce qui nous concerne.
Je regrette effectivement que beaucoup soient décédés pendant mon absence. Même là, Hubert Oro, mon grand-frère. Quand j’allais à Daloa, c’est chez lui que j’allais manger. C’est difficile mais c’est la vie. Beaucoup sont partis et à Daloa, n’oubliez jamais qu’il y a le Général Dogbo Blé Bruno qui est en prison.
Quand je partais pour le pays Wê, j’ai failli m’arrêter dans son village mais j’ai dis au chauffeur, continuons. Parce que j’avais peur d’éclater en sanglots. Voilà quelqu’un qui est en prison pour rien. Pour rien. Parce qu’il a défendu la République, ce qui est son travail. Et les juges à la CPI ont dit que si Gbagbo n’avait pas donné l’ordre aux militaires de défendre la République, il aurait été coupable. Donc il a fait son travail et les militaires ont fait leur travail. Et ici en Côte d’Ivoire, on prend Dogbo Blé et on le met en prison. Mais le fond de la question, c’est parqu’il ne soit pas allé faire allégeance au nouveau régime. C’est tout. C’est le fond de la question. Mais Dieu jugera tout ça et nous donnera raison parce que nous avons raison.
Entre celui qui est dans son pays, qui gouverne tranquillement, et les gens qui prennent des fusils dans un autre pays pour venir l’attaquer, qui a tort et qui a raison ?
C’est ça la fin du procès.
Je vous remercie.
Je vous remercie.
Que Dieu vous bénisse et bénisse la Côte d’Ivoire !