Le nom de Didier Drogba déchaîne les passions. Il a été incontestablement un grand joueur, une icône du football. Sur cela, il n’y a pas de débat. Nous sommes tous d’accord. Mais là où il y a problème, c’est lorsqu’il n’arrive pas malgré tout ce prestige à avoir le soutien de 5 clubs sur les 81 associations qui votent, au point où on a été obligé de revoir le nombre de parrainages à 4. Et le problème est d’autant plus brûlant qu’il suscite interrogations et doutes. Drogba a-t-il de bons rapports avec les présidents de clubs ? Son ego ne lui joue-t-il pas de tours ? Entrons dans l’univers du footballeur international à la retraite.
Autant un bon médecin ne fait pas forcément un bon manager d’hôpital, autant un grand footballeur ne fait pas forcément un bon patron de fédération. Didier Drogba a toujours eu des rapports difficiles avec les hommes. Alors que sur un coup de tête, il décide de ne plus jouer en sélection, l’équipe nationale est en finale à la CAN 2015. Drogba décide de venir soutenir ses camarades. Tous refusent. La médiation menée à l’époque par la FIF n’a pas fléchi la position de ses camarades qui ont dit que même s’il vient, pas question de le faire loger dans leur hôtel. Copa Barry, Yaya Touré et ceux qui le soutiennent peuvent témoigner. Voilà ce qui s’est passé. Il n’a pas imaginé que ses camarades iront loin sans lui. D’ailleurs, l’association des anciens footballeurs ne l’a pas soutenu.
De même, Didier Drogba, c’est aussi des rapports difficiles avec les clubs. Tenez-vous bien, le football club de Guiberoua, son village ne le soutient pas. Depuis qu’il était footballeur et qu’il a été sollicité par ce club, il ne lui a apporté aucune aide. Son père a sollicité à une émission à la RTI 1 les bonnes volontés afin d’avoir un forage dans son village. C’est le rôle de l’Etat d’apporter de l’eau aux populations, c’est vrai. Mais d’illustres inconnus, qui n’ont pas le niveau de notre DD ont fait plus que ça dans leurs localités. DD n’est pas solidaire.
Par ailleurs, Didier Drogba ambassadeur de la Côte d’Ivoire. Oui, son nom fait sensation. Mais il chaque fois qu’il a été sollicité par son pays pour le représenter à une activité internationale, il a toujours exigé des cachets. Salons du cacao, du tourisme, il a toujours reçu des cachets. Son patriotisme est donc intéressé. Diriger des gens requiert donc une ouverture, une approche basée sur la solidarité. Solidarité envers les plus faibles, générosité à l’endroit de ceux qui te sollicitent. Il y en a qui ont fait sa promotion pendant des années et qui n’ont rien obtenu de lui.
Pourtant Etoo Fils a fait l’unanimité au Cameroun parce qu’il a une belle approche humaine. On peut tout reprocher à Eto’o sauf son manque d’humanisme. Au Cameroun, ce sont les clubs qui ont mené le combat de Eto’o. On l’a vu soutenir ses frères et ses jeunes frères. Il a payé des primes et porté l’équipe camerounaise à bout de bras. Etoo n’est pas Didier Drogba, hélas. L’un est sans façon, l’autre est perché sur son piédestal, forçant le destin.
Aussi il aurait été sage pour lui de reconnaître qu’il a une mauvaise approche, observer et repartir du bon pied. Ses rencontres de proximité dans lesquelles il donne actuellement moins de 300.000 ne le sauveront pas. Il n’a pas d’histoire avec le football local et il le paie cash. Qu’il redescende un peu de sa tour. Il verra la réalité. Quand on n’a pas de bons rapports avec ses semblables, il est quasiment impossible de les diriger.
Yacouba Doumbia, Observateur averti