Après le boycott de la séance plénière de l’Assemblée nationale acté, le mercredi 23 avril dernier, par les groupes parlementaires PDCI-RDA et PPA-CI, l’ancien président Laurent Gbagbo a annoncé un Comité central pour ce jour, samedi 26 courant. L’on a pensé alors qu’il lancerait un mot d’ordre afin de mettre davantage de pression sur le pouvoir Rhdp. L’objectif étant d’inviter la CEI à inscrire les noms des hommes. Las !
A la lecture du communiqué qui a sanctionné le Comité central du PPA-CI, le doute n’est plus permis: entre Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, il y a de l’eau dans le gaz. Et ce n’est rien de le dire. Qu’on en juge.
Sur les 5 ou 6 pages que compte ledit communiqué, pas une seule fois le nom de Tidjane Thiam n’a été prononcé ou cité. Pas une seule fois ! Que se passe-t-il, serait-on tenté de s’interroger ? La vérité a la clarté de l’évidence. L’ancien président n’a toujours pas digéré qu’il soit cité en second dans les résultats du sondage convoqués par le président du PDCI-RDA après sa radiation de la liste électorale. Il s’est présenté comme le probable futur vainqueur du prochain scrutin présidentiel. Sans la moindre précaution oratoire. C’est sans doute pour l’ancien chef de l’Etat un casus belli. Ce Comité central en est la preuve ultime. Gbagbo a carrément snobé Thiam. C’est donc mal parti pour l’unité de l’opposition ou plutôt pour l’alliance projetée entre les deux partis.
De plus, on rappelle que le PDCI-RDA ne se souciait guère de l’exclusion de Laurent Gbagbo lorsque celui-ci était à la CPI. Feu Bédié était plutôt occupé à récupérer l’électorat du FPI ( ancien parti de Laurent Gbagbo) pour aller à la ( re)conquête du pouvoir perdu depuis 1999 par le vieux parti. Gbagbo ne l’a certainement pas oublié.
De plus, Laurent Gbagbo sait que le PDCI-RDA n’a pas la culture de l’opposition comme l’a dit, en son temps, l’ancien ministre Laurent Dona Fonogo. Le PPA-CI ne veut donc pas se mouiller pour des gens qui sont venus à l’opposition plus par ressentiment qu’autre chose. « Qu’ils fassent leur combat », doit se dire, in petto, le fondateur du parti panafricain.
Enfin, faut-il rappeler que, dans le temps, lorsqu’a commencé le débat sur la double nationalité de celui que ses partisans appellent « Thiti », le Woody de Mama avait raillé « ceux qui sont un peu Ivoirien, un peu Danois ». On avait alors compris qu’il ne se jetterait jamais à l’eau pour ce dernier. En refusant de donner à ses militants et sympathisants un mot d’ordre pour que soit réinscrit l’ancien patron de Crédit suisse sur la liste électorale Laurent Gbagbo reste donc dans sa logique. Sauf que l’opposition rate là l’occasion de se mettre ensemble pour parler d’une seule et même voix. L’unité de celle-ci peut donc attendre. Hélas !
Franck ETTIEN