Il y a un peu plus de deux mois maintenant que la liste des admis à l’école doctorale de la faculté des Sciences, Technologie et agriculture durable (ED STAD) de l’Université Félix Houphouët-Boigny est sortie. Exactement, le 11 mars 2022. Mais, depuis cette date, il se murmure des choses. Entre incompréhensions, grincements de dents, jasements, etc. et révoltes, plusieurs des candidats recalés et leurs encadreurs pensent qu’il y a anguille sous roche. Plus flagrant, au niveau de la liste des onze (11) personnes retenues en Physique-chimie. Sur les lèvres, le nom de la directrice de cette école doctorale, Professeure Coulibaly Aoua.
La bonne dame est accusée de favoritisme…
Le laboratoire central, LASMES regroupe sept (7) équipes de recherche dont 3 équipes en chimie et 4 équipes en physique. Pourtant, au résultat final, l’on constate que sur les 11 sélectionnés, il y a 3 en physique et 8 en chimie. Selon les plaintifs, ce déséquilibre serait dû au fait que le Professeur Trokouré soit membre du jury. Il favoriserait ses étudiants au détriment des autres. Aux dires d’un étudiant recalé que nous avons rencontré, « des étudiants ayant obtenu des notes au-dessus de 14/20 sont recalés au profit d’autres qui ont moins de 14 ». Il nous brandit ses moyennes et s’interroge : « comment comprendre cela ? »
… et de laxisme
Des postulants sont recalés avec pour argument, l’insuffisance de mention. Pourtant, leurs relevés de note prouvent le contraire. Nous avons pu le constater nous-mêmes avec deux étudiants qui auraient sollicité et obtenu auprès de l’administration de connaitre les raisons de leur ajournement. Le major de la promotion serait dans le même cas, selon nos interlocuteurs. Mais, toutes nos démarches pour le rencontrer et recueillir son témoignage sont restées vaines. Ce que nous avons pu vérifier, néanmoins, c’est que le nom que des recalés ont cité comme étant le major ne figure pas sur la liste des admis. Il ne nous est donc pas apparu nécessaire de mentionner ce nom dans cette enquête.
Des sujets sont jugés non pertinents
Son sujet aurait été jugé non pertinent. Pourtant, toutes les spécialités dont la sienne (physique nucléaire) ne sont pas représentées dans le jury. Cet autre problème serait plus structurel. Comment se fait la composition du jury pour que des spécialités soient absentes du jury ? Ce qui induit que certaines délibérations sont un blind test pour les membres du jury. A l’exemple de la physique nucléaire. Des étudiants qui ont obtenu la note de 15/20 à la soutenance du Master 2 ne sont pas sélectionnés pour la thèse sur le même sujet. « Comment a-t-on pu juger de la pertinence d’un sujet dont on n’est pas spécialiste ? Pure alchimie », soutiennent des candidats recalés que nous avons interrogés.
Un déficit de communication entre les maîtres
Un des professeurs titulaires que nous avons rencontré estime qu’il « n’y a jamais eu de réunion entre la directrice de l’école doctorale et les enseignants-chercheurs qui sont, par ailleurs, les encadreurs des travaux de recherche des doctorants. Personne donc, ne demande ni ne prend en compte leurs avis avant les décisions du jury. Alors que, pense-t-il, « tous les axes de recherche devraient bénéficier de la même attention ». D’où qu’« à cette allure, regrette-t-il, certains axes de recherche vont finir par disparaître ».
Devant cette situation les étudiants recalés et leurs directeurs de travaux lancent un appel aux autorités compétentes. A les entendre, le ministre de l’enseignement supérieur « fait du bon boulot actuellement. Il ne doit pas laisser saper cette dynamique par quelques responsables ».
La réponse de l’Université Félix Houphouët-Boigny
Nous nous sommes alors tournés vers les personnes incriminées, principalement les Professeurs Coulibaly Aoua et Trokouré pour mieux comprendre ce qu’il s’est passé ou se passe.
Professeure Coulibaly Aoua que nous avons jointe par téléphone nous a suggéré de nous adresser au professeur Sangaré qui est le vice-président de l’Université chargé de la recherche. Sans difficulté, ce dernier que nous manquons à son bureau ; mais que nous joignons au téléphone, nous conseille d’adresser un courrier officiel au président de l’université. Afin qu’il lui autorise un quelconque échange avec nous. Ce que nous faisons le 20 avril 2022. Le lendemain 21 avril, l’homme nous rappelle et nous donne un rendez-vous pour le 27 avril 2022 (jour de la nuit du Destin) à 10 heures.
Dans la matinée, le Professeur nous téléphone pour nous indiquer le lieu du rendez-vous : amphi Lorougnon Guédé de l’Université Félix Houphouët-Boigny. Une fois sur les lieux, à 10 heures 30 minutes, nous constatons que Professeur n’y est pas seul. Il a réuni tous les directeurs d’Ecole doctorale de l’UFHB et les professeurs encadreurs ainsi que des doctorants et candidats aux doctorats de la faculté des sciences.
« Je voulais que tout le monde soit présent pour qu’à la fois, moi et les directeurs d’Ecoles doctorales expliquions le processus de sélection des doctorants », introduit-il.
Ce processus, expose-t-il, comprend 7 étapes.
- Réception des dossiers en ligne par le secrétariat administratif de la formation doctorale sollicitée.
- Vérification de la conformité administrative des dossiers par le secrétariat administratif de la formation doctorale sollicitée.
- Transmission des dossiers aux responsables des différentes équipes d’accueil. Chaque responsable d’équipe d’accueil organise le jury de sélection en collaboration avec les différents responsables de laboratoire et produit un procès-verbal en délibération dans le délai imparti.
- Retour des procès-verbaux et listes d’admissibilité au secrétariat administratif de la formation doctorale.
- Réunion d’un comité central pour statuer sur la liste des admissibles.
- Vérification des diplômes et des équivalences des admissibles par la scolarité central de l’UFHB
- Publication des résultats définitifs par formation doctorale.
Y a-t-il un dialogue de sourd ?
Après la lecture de ces 7 points, il est apparu, à écouter le Professeur Sangaré, que la question de la non présence de spécialistes dans les jurys de certaines matières n’est pas du fait de l’Université. Le point 3 règle la question («Transmission des dossiers aux responsables des différentes équipes d’accueil. Chaque responsable d’équipe d’accueil organise le jury de sélection en collaboration avec les différents responsables de laboratoire. Avant de produire un procès-verbal en délibération dans le délai imparti »).
Il se trouve, selon le vice-président de l’UFHB chargé de la recherche, que les Professeurs encadreurs se désintéressent de la procédure. Beaucoup d’entre eux ne participent pas aux équipes d’accueil. Pourtant, c’est à partir de là que se décident et se forment les jurys. « Nos enseignants-chercheurs ne s’intéressent à rien. Ils jouent les médecins après la mort. Alors qu’il faut être dans les lieux où se font les sélections », dira Professeur Sangaré.
Pour plusieurs Professeurs présents dans la salle dont le Professeur Dade Joel, chargé de la communication CNEC-UFHB et délégué CNEC ex FAST, « il y a un déficit d’information à ce niveau ». Pour ce qui est de la faculté des sciences, ils pointent du doigt le « zèle » et l’indisponibilité de la directrice de l’Ecole doctorale, Pr. Coulibaly Aoua. « On n’a jamais vu notre directrice », affirmera un Professeur présent.

Pourtant, les conditions à remplir pour être admissible semblent clair…
A côté du processus en 7 points, il y a les conditions que doivent remplir chaque candidat pour être admissible. 4 conditions notamment, qui sont notées sur 20. Pour être admis, le candidat doit obtenir la note de 15/20. Dans le détail, cela donne :
- Le projet de thèse (noté sur 7)
- La performance académique (noté sur 6)
- Le financement de la thèse (noté sur 5)
- Avis de l’équipe d’accueil (noté sur 2)
« La note de sélection découle de la somme des points obtenus lors de l’évaluation du dossier de candidature. Rien à voir avec la note obtenu au Master 2 », précise Professeur Sangaré. Une réponse aux candidats recalés malgré leurs performances académiques. Le Professeur ne manque pas de (re)indexer le « véritable problème » qui se situe au niveau de l’équipe d’accueil. A cette étape, soutient-il, les Professeur encadreurs analysent les dossiers et forment les jurys. De sorte que n’arriveraient aux jurys que des dossiers à 80% prêts. C’est pourquoi « J’exhorte les enseignants à s’approprier la démarche de sélection dans les Ecoles doctorales », conclut Professeur Sangaré, vice-président de l’UFHB chargé de la recherche. Qui se dit ouvert à des propositions dans le sens de l’amélioration du processus et des conditions d’admissibilité dans les Ecoles doctorales. « S’il y a des choses pertinentes à intégrer, nous le ferons. Mais, je ne suis pas pour la diffamation », martèle-t-il avec insistance. En tout état de cause, pour le Professeur Sangaré, ni la directrice de l’Ecole doctorale des sciences, encore moins le responsable de l’équipe d’accueil ne participent à l’évaluation des dossiers.

Séance tenante, les professeurs ont plaidé pour « la mise à disposition des plateaux techniques », une exigence du système LMD. Pour la révision du critère de financement qui « élimine beaucoup de candidats » vu que les financements sont difficiles à obtenir.
Il faut préciser qu’en face des enseignants-chercheurs venus nombreux à cette rencontre, il y a avait le Professeur Sangaré, vice-président de l’Université FHB chargé de la recherche et l’ensemble des directeurs d’Ecoles doctorales, à l’exception de la Professeure Coulibaly Aoua excusée.
Toutefois, il est bon de mentionner que les Ecoles doctorales sont une exigence de l’UEMOA dans le cadre de l’application du système LMD. L’arrêté de création en Côte d’Ivoire des Ecoles doctorales date 2011. Mais, c’est le 23 avril 2018 que ces Ecoles doctorales voient le jour au sein de l’Université Félix Houphouët-Boigny sur décision du président de l’université.
Franck ETTIEN
Justice doit être faite.
Vous devez reprendre le concours en laissant le temps au nouveaux candidats de s’inscrire au concours.
merci beaucoup pour ces informations
merci à vous aussi