Décédé le 1er août 2023, le président du PDCI-RDA, feu Henri Konan Bédié, a reçu des hommages dignes de son rang. Ses amis et adversaires politiques, mais aussi, le ‘’peuple’’ du PDCI Daoukro qui a battu le ban et l’arrière-ban de ses militants et sympathisants, ont honoré la mémoire de l’illustre disparu dont le corps est désormais à Pepressou, le village qui l’a vu naitre, pour l’ultime hommage, le 1er juin 2024, qui va marquer la mise en terre de sa dépouille. Dans la stricte intimité familiale. Mais avant, justement, il ne serait pas inintéressant de dire un mot de ce déferlement d’hommages et d’éloges qui ont été déversés sur le corps du disparu. Outre-tombe, il a certainement dû s’en étonner. Pour l’essentiel, on notera que, contrairement à ce que beaucoup ont laissé entendre, N’Zueba n’a pas toujours été vu comme l’ange que la majorité a dépeint, la larme à l’œil et tremolo dans la voix, après sa disparition brusque et brutale. A ce sujet, il nous suffit de revenir sur les ‘’prestations’’ de deux hommes politiques qui passaient pour les adversaires les plus irréductibles du Sphinx de Daoukro, avant que l’un, Laurent Gbagbo, ne devienne son allié contre le Rhdp et, l’autre, Affi N’Guessan, ne se découvre, à la surprise générale, des atomes crochus avec celui contre qui il tenait des propos peu amènes, le traitant, entre autres amabilités, de « pneu réchappé ».
Les adversaires les plus irréductibles du Sphinx de Daoukro
Il nous souvient également que le premier a dit des mots assez durs sur le défunt leader du parti septuagénaire qu’il a comparé, dans un accès de rage, à Ésaü. ‘’Bédié, c’est Ésaü, il a vendu son droit d’ainesse pour un plat de lentilles’’, persiflait-il, au terme de la crise postélectorale, alors que les deux hommes se lançaient des piques. C’était il y a longtemps, il est vrai. Mais, nul ne l’a oublié. Même s’il est admis que la mort ‘’égalise’’ les hommes dans leur humanité et les rassemble autour de l’essentiel, leur commun destin face à la grande faucheuse. C’est d’ailleurs, pourquoi, le célèbre écrivain américain Ernest Hemingway disait et je cite : ‘’Je suis un homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger. C’est pourquoi, chaque fois que disparaît un homme, je ne demande pas, pour qui sonne le glas ? Car, il sonne pour moi aussi’’. Ce qui veut clairement dire qu’en chaque homme qui meurt, meurt un peu de chacun de nous. La mort du président Bédié touche donc tous les Ivoiriens et il nous laisse un peu orphelins, à divers degrés. Il n’empêche, les faits sont têtus. Et ce qui est dit est dit, pour parler comme l’autre. Ou plutôt ce qui a été dit reste dit. Personne ne peut l’effacer.
Ce qui a été dit reste dit
Tout au plus peut-on expliquer ou justifier certaines postures. Elles n’en gardent pas moins, dans l’imaginaire collectif, leur caractère ‘’pernicieux’’ ou ‘’corrosif’’. C’est connu, l’eau qui est versée ne peut être ramassée. Ainsi en est-il de la parole dite. Elle ne retourne pas dans la bouche de son auteur. Malheureusement. Néanmoins, tous ceux qui avaient des griefs contre le vieux l’ont couvert d’éloges et ne se sont pas gênés pour chanter ses hauts faits d’armes. Affi allant jusqu’à demander que l’ancien chef de l’Etat soit ‘’panthéonisé’’. Laurent Gbagbo n’ayant éprouvé aucun scrupule à effectuer le déplacement de la résidence du défunt, flanqué de sa ‘’petite femme’’. Sauf qu’il a ‘’oublié’’, ce jour-là, de saluer son ancien Premier ministre, Affi N’Guessan, qu’il a trouvé sur les lieux. Ah la belle hypocrisie des hommes ! C’est à croire qu’ils s’aiment davantage ‘’morts’’ que vivants’’. C’est aussi de la fourberie. Henri Konan Bédié a donc été paré de toutes les vertus par ceux-là mêmes qui l’avaient peint sous les traits les plus noirs de son vivant.
On a tout oublié
Oublié les passes d’armes ! Oublié les noms d’oiseaux ! C’est un autre Bédié que les adversaires de l’homme ont pleuré après son décès, le 1er août 2023. Un homme sans taches et sans reproches. Bref, un grand leader qui va leur manquer. Mais aussi aux autres Ivoiriens qui l’ont connu sous un autre jour et qui l’ont aimé. En dépit de tout. Surtout sa faconde, ce trait d’esprit qui en faisait un redoutable adversaire politique. Il était surtout le ‘’père’’ de nombreuses expressions qui sont passées à la postérité. ‘’Un imbécile heureux’’, ‘’un folliculaire hypocondriaque’’, un négateur des évidences’’, ce sont là quelques perles qui portent son ‘’estampille’’. A l’évidence, le vieux leader du PDCI-RDA qui avait fini par passer pour un ‘’immortel’’ n’aura pas vécu inutile. Il laisse derrière lui le souvenir d’un homme qui a connu mille vies. Il part donc rassasié d’honneurs et de gloire. Mais il n’a pas été aussi épargné par le sort, comme ce jour funeste, s’il en est, du 24 décembre 1999, qui marqua brutalement, par un pronunciamiento dont il n’a jamais fait le deuil, la fin de son régime. Une date qui restera à jamais gravée dans le marbre. Pour l’Histoire. Qu’il repose en paix!
René Ambroise Tiétié
Donc dans tout ça Ouattara n’a jamais rien dit de maladroit à l’encontre de Bédié hein ! C’est Gbagbo et Affi seuls qui l’ont cloué au pilori.
soit c’est de l’amnésie soit c’est une analyse volontairement sélective des faits comme d’habitude chez Tiétié !