L’histoire devenue plus triste que jamais de Bakary Diallo commence une après-midi d’octobre 2015 ; le 24, plus précisément. Originaire du nord de la Côte d’Ivoire de par ses parents paternels qui ne l’ont reconnu que très tard, il est élevé par ses grands-parents baoulé. A 37 ans révolus, celui qui vendait des vêtements et des montres bon marché, venait de se décrocher un stage dans une boulangerie de la ville de Bouaké. Mais, le 24 octobre 2015, à 16 heures 46 minutes exactement, sa vie bascule…
Bakary Diallo s’apprête à traverser le boulevard en face du marché de gros de Bouaké. Il est arrêté sur les bandes blanches. Soudain, comme sorti de nulle part, un véhicule le fauche et le traine sur quelques mètres. Les passants qui ont suivi la scène accourent porter secours à la victime. Le chauffard, lui, prend la fuite. Personne n’a pu relever sa plaque d’immatriculation. Visiblement, Bakary est mal en point. Transporté au CHU de Bouaké, le diagnostic est mauvais : fracture des deux membres inférieurs. Sans compter les autres commotions. Pauvre et presque démuni, une autre vie dure se pointe à l’horizon pour Bakary.
Ce sont donc les grands-parents qui prennent en charges les frais d’opération de Bakary Diallo. Malheureusement, en 2019, à deux mois d’intervalle, les deux, grand-mère et grand-père décèdent. Bakary a encore quelques interventions chirurgicales à subir. Pourtant, ll est désormais seul au monde ! Pas de soin. Pas de nourriture. Sinon, clopin clopan jusqu’aujourd’hui. Presqu’aucune lueur d’espoir. Sa jambe gauche est en putréfaction. Son bailleur a décidé de le vider pour loyers impayés.
. Oncles et tantes disent ne pas comprendre pourquoi, « cette maladie ne finit pas ». Pour se « débarrasser de [lui] », l’un des oncles décide de l’emmener à Gbonan, un village du département de Séguéla. « Il m’a dit qu’on partait voir quelqu’un pour guérir mes pieds. Arrivé dans le village, il m’a abandonné et n’est plus jamais revenu. Je n’ai reçu aucun soin. Les gens me laissaient seul pour aller au champ. Je restais sans manger. Cela pendant cinq mois. Mon oncle s’est débarrassé dans ce lieu. C’est l’un des fils du mon tuteur qui, ayant pris pitié, m’a transporté sur une moto pour me faire sortir du village. Il m’a mis dans un véhicule pour que je revienne sur Bouaké », raconte Bakary. Qui ne sait plus où donner de la tête.
Bakary Diallo prie et espère qu’une bonne volonté volera à son secours. « Je sais que le Dieu que je sers va toucher le cœur de certaines personnes qui viendront à mon aide ».
Chris Monsékéla