Le 25 août 2020, l’OMS annonçait avec fierté l’éradication d’un deuxième virus d’Afrique quarante ans après celle de la variole. Il s’agit de la poliomyélite sauvage. Moins de deux ans après cette déclaration, l’on note un retour de la maladie sur le continent.
Une épidémie de poliomyélite a été déclarée par les autorités du Malawi après la découverte d’un cas de poliovirus sauvage de type 1 chez un jeune enfant dans la capitale Lilongwe. L’annonce a été faite par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ce jeudi 17 février 2022.
Le dernier cas de polio sauvage avait été identifié dans le nord du Nigeria en 2016. C’est donc cinq ans après qu’intervient ce nouveau cas de la maladie. Selon l’OMS, la souche du virus, qui a été analysée en laboratoire est originaire du Pakistan.
« Tant que la poliomyélite sauvage existe dans le monde, tous les pays restent exposés au risque d’importation du virus », a expliqué le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS Afrique.
Plusieurs mesures ont d’ores et déjà été mises en place conjointement par les autorités sanitaires malawites et l’OMS afin d’endiguer la propagation de la maladie. Il s’agit, entre autres, d’une « une évaluation des risques » et une réponse adéquate grâce à une vaccination supplémentaire et de l’intensification de la surveillance dans les pays frontaliers. En outre, du personnel de l’équipe d’intervention rapide de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP) a également été déployé dans le pays. Leur tâche sera de renforcer « la coordination, la surveillance, la gestion des données, les communications et les opérations ».
« Grâce à un niveau élevé de surveillance de la polio sur le continent et à la capacité de détecter rapidement le virus, nous pouvons rapidement lancer une intervention rapide et protéger les enfants de l’impact débilitant de cette maladie » a révélé le Dr Matshidiso Moeti.
Il est à noter que depuis août 2020, toutes les formes de poliovirus sauvage d’Afrique avaient été éliminées. Le continent avait alors été déclaré libéré du poliovirus sauvage indigène. Toutefois, la région est restée confrontée à la poliomyélite circulante de type 2, issue de vaccin. En 2019, elle s’est manifestée en Angola, en République démocratique du Congo et au Kenya, avant de s’étendre à plus de 20 pays deux ans plus tard. En 2021, en vue de l’endiguer, plus de 80 millions d’enfants avaient reçu un nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 (VPOn2) quelques mois seulement après que l’OMS l’ait autorisé.
Cette résurgence du poliovirus sauvage de type 1 vient donc rendre la tâche plus ardue pour les professionnels de la santé qui sont dédiés à la lutte contre cette épidémie.
« Tout cas de virus sauvage de la polio est un événement important et nous mobiliserons toutes les ressources pour soutenir la réponse du pays », a affirmé le Dr Modjirom Ndoutabe, coordinateur de la polio au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
Pour rappel, la maladie est causée par un virus et est « hautement infectieuse ». Ce virus s’attaque au système nerveux et « peut provoquer une paralysie totale en quelques heures ». Son principal mode de transmission se fait par la voie fécale-orale. Il peut aussi être transmis par de l’eau ou des aliments contaminés. Il n’existe pas de remède, pour l’heure contre la polio, mais « la maladie peut être prévenue par l’administration d’un vaccin simple et efficace ».
Jean-Marc G