Le 18 juin 2024 sera certainement un jour à marquer d’une pierre blanche pour les militants et sympathisants du RHDP. Et pour cause. Leur mentor, Alassane Ouattara, président de la République, prendra prétexte du message qu’il va adresser à la nation, pour leur répondre, par la même occasion. En effet, depuis quelques semaines, ils lui demandent, à travers des cérémonies d’hommage qui n’en finissent pas, de rempiler en 2025 pour ce qui sera son second et ultime mandat sous l’empire de la Constitution de la 3è République. Ce jour-là, il leur dira, sans aucun doute, entre « quatre yeux », s’il arrête ou s’il continue à diriger la Côte d’Ivoire qu’il tient d’une main de velours dans un gant…de coton depuis 2011. Douloureuse ou heureuse ( c’est selon) perspective, ce sera un moment particulièrement délicat qui est attendu, entre anxiété et curiosité, par ses « ouailles » qui ne veulent même pas entendre parler de l’éventualité d’une renonciation à un dernier mandat pour le président de leur parti. Et pourtant, il faut qu’ils sortent de leurs certitudes qui semblent couler dans le marbre pour comprendre qu’en dépit de son brio et de sa maestria, Alassane Ouattara n’est qu’un homme. Avec ses forces et ses faiblesses. Mais, surtout, ils devront comprendre qu’on n’a que l’âge de ses artères et qu’à 83 piges ( il les aura en 2025), il est normal que l’intéressé accuse quelques signes de fatigue qui peuvent l’incliner à vouloir s’accorder un repos bien mérité. Qui pourrait raisonnablement lui en faire le reproche ?
Les cimetières sont remplis de personnes qui se croyaient indispensables
Par ailleurs, ne dit-on pas que les cimetières sont remplis de personnes tellement imbues d’elles qu’elles se croyaient indispensables à la marche de leur pays, se tuant à la tâche. Or, le jour de leur disparition, surgissent toujours d’autres personnes pour faire leur travail. Le cours de la vie n’étant qu’un perpétuel recommencement. Alassane Ouattara semble l’avoir compris. Puisqu’il se murmure qu’il aurait décidé de ne pas donner droit, cette fois, à la pressante requête de ses militants qui ont pris le parti de lui forcer carrément la main en multipliant les cérémonies d’hommage qui sont autant de moyens de pression sur ses épaules. Cependant, le fait qu’il projette de s’adresser à ses compatriotes plutôt qu’à ses seuls militants dans le cadre de sa formation politique, est un signe qui est révélateur de sa volonté de s’affranchir des pesanteurs partisanes. Cela veut clairement dire qu’il est déjà passé à autre chose dans sa tête. Il est donc dans la même disposition d’esprit qu’en mars 2020, lorsqu’il s’était présenté face à la représentation nationale comme il va le faire dans quelques jours.
Il ne serait pas erroné d’affirmer qu’il va à nouveau renoncer
Par analogie, il ne serait pas erroné d’affirmer qu’il va renoncer à se porter candidat en 2025 comme il l’avait fait moins de 5 ans plus tôt. Mais, justement, comme en 2020, il partira pour mieux rester. Puisqu’il ne sera pas bien loin, tel un ange gardien. En se référant aux Écritures saintes, on pourrait dire que tel le Seigneur Jésus-Christ, il dira certainement, mezza voce, à ses partisans : « Je m’en vais, mais vous ne serez pas seuls. Je vous enverrai une équipe qui vous consolera. Vous ne serez donc pas orphelins ». Lui, n’ira pas auprès du Père. C’est certain. Pas maintenant, en tout cas. Mais, il veillera sur son « héritage » de là où il ira couler sa retraite. À la tête de sa fondation, peut-être. Ou dans d’autres scénarii. Toujours est-il qu’il ne sera pas oisif. Ce n’est pas le genre de la maison.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le RHDP va être fortement secoué le 18 juin prochain. D’autant que les militants qui ont déjà sous les yeux quelques signaux annonciateurs de ce que prépare leur mentor (entre autres, la visite du VP Tiemoko à la première Première dame, Marie-Thérèse Houphouet-Boigny) refusent d’y croire et jouent les Saint Thomas.
Ils refusent d’y croire et jouent les Saint Thomas
C’est ainsi que les cérémonies d’hommage continuent à être organisées ici ou là, avec toujours la même doléance qui a fini par prendre des airs de ritournelle. À savoir, la candidature de Ouattara en 2025. Mais le président du RHDP ne semble plus les entendre. Il a compris que tout acteur doit savoir partir. Au risque d’être amené à le faire à ses frais. Visiblement, c’est un risque que le locataire de l’Esplanade ne veut pas se risquer à prendre. Et il a raison. Même si ses militants n’ont pas tort de vouloir le voir se succéder à lui-même en 2025. Mais ils n’auront pas d’autre choix que de respecter sa décision. Car, pendant longtemps, l’ancien Dga du FMI s’est oublié, faisant passer en priorité l’intérêt supérieur du RDR, puis celui du RHDP. Travaillant sans répit au repositionnement de la Côte d’Ivoire qu’il aura réussi à remettre debout après les errements du défunt régime de la Refondation. Il est donc temps qu’il songe à se retirer de la politique active. Pour s’accorder un peu de repos. Et s’occuper exclusivement de sa propre famille afin de jouir du privilège de grand-père en compagnie de ses petits-enfants. C’est une aspiration légitime que les militants et sympathisants de la coalition houphouetiste devraient comprendre en acceptant la décision de retrait de leur champion. Pour que tout continue.
René Ambroise Tiétié