Première femme ministre d’État et première femme présidente d’institution, Henriette Rose Dagri Diabaté est née le 13 mars 1935 à Bingerville. Elle est la veuve de l’ancien ministre d’État Lamine Diabaté sous Félix Houphouët-Boigny et mère de cinq enfants dont le célèbre architecte Issa Diabaté.
Cette dame de conviction et de caractère pourrait être présentée comme l`historienne ivoirienne entrée dans l`Histoire par la grande porte. Des amphithéâtres aux arènes politiques, le professeur Henriette Dagri-Diabaté s`est imposée partout par la qualité de son travail. Même si son défunt mari est de ceux qui ont bâti les fondations économiques de la Côte d`Ivoire, « la mémé » ne pouvait se complaire dans son rôle de mère de famille. Et ce, malgré ce qui l`attendait.
Membre, depuis sa création, du Rassemblement des républicains, dont elle est devenue la secrétaire générale en 1998, ses convictions politiques ont été rudement mises à l`épreuve. Condamnée à deux ans de prison en octobre 1999, elle est libérée au bout d`un mois, après le coup d`Etat du général Robert Gueï. Plusieurs fois ministre, on retiendra qu`elle démissionnera une fois, à la demande de son parti.
En première ligne durant les événements politiques de 2000 et 2001, elle est inculpée d`atteinte à l`ordre public, mais bénéficiera d`un non-lieu. L`un de ses fils, arrêté et roué de coups par les forces de l`ordre en 2001, a failli y perdre un œil. Mais là où ce fidèle lieutenant du Dr Alassane Ouattara a touché le coeur de tous les Ivoiriens, c`est lorsqu`elle a entamé une grève de la faim pour protester contre le pouvoir qui l`empêchait de rejoindre son époux malade en France.
Henriette Dagri-Diabaté est à l`origine de la naissance de la Maison de la Culture et du Marché des Arts et du Spectacle africain (MASA).
Condamnée à deux ans de prison en octobre 1999 pour « incitation à la violence » par une justice aux ordres, ses conditions de détention n`étaient pas des plus faciles, car si les membres masculins de son parti se sont retrouvés entre eux, elle, la seule femme du groupe était complètement isolée, partageant sa cellule avec des prisonnières de droit commun.
C`est pourtant elle qui va être le soutien moral de l`ensemble des détenus de la MACA.
Elle, l`intellectuelle, Docteur diplômée de la Sorbonne à Paris, a repeint en vert les murs des cellules, distribué la nourriture fournie par les amis qui se pressaient aux portes de la prison, branché des ventilos dans l`étuve insoutenable, accéléré les procédures de jugement pour les oubliés des services de justice, mis sur pied des séances de gym, etc. Elle était devenue « la chef de village ».
Elle est libérée au bout d`un mois, après le coup d`Etat de décembre 1999.
Ministre de la Culture et de la Francophonie sous la transition militaire, elle démissionne lorsque le Général Gueï ne respectera plus ses engagements vis à vis de la démocratie.
En première ligne durant les événements politiques de 2000 et 2001, elle est inculpée d`atteinte à l`ordre public, mais bénéficie d`un non-lieu.
On la retrouvera en 2003 au ministère d’État, en charge de la justice.
Cette ancienne assistante, maître-assistante, maître de conférence et professeur titulaire d’histoire, a été de 1985 à 1990, membre du comité directeur du PDCI-RDA et membre fondateur du RDR.
En guise de récompense pour tout le combat qu’elle eu à mener pour son parti et pour la mère-patrie, c’est tout naturellement que son « poulain », après avoir accédé à la magistrature suprême en 2011, lui confia la grande chancellerie d’État et quelques années plus tard, les rênes du parti pour lequel elle s’est battue corps et âme.
Serge N’drin