Le dialogue politique, initié par le gouvernement, qui a mis autour de la table, outre le gouvernement lui-même, plusieurs partis politiques (21 dont 8 groupements politiques) et des organisations de la société civile s’est achevé le jeudi 24 février 2022. Cinq points avaient été inscrits à l’ordre du jour. Réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), Réforme du code électoral, Mesures pour apaiser l’environnement sociopolitique, Réconciliation nationale et Elaboration d’une nouvelle liste électorale. Des sujets que j’ai déjà qualifiés d’éculés et sans intérêts pour la grande majorité des Ivoiriens qui m’ont donné raison, ces derniers, en dénonçant çà et là la flambée des prix des denrées de première nécessité sur les marchés. Personne ne mange la politique ! Surtout pas cette politique qui visiblement n’est bâtie que sur et autour d’intérêts égoïstes et partisans.
Le plus surprenant, qui corrobore d’ailleurs, ce manichéisme des politi(CIENS) à l’égard des aspirations des populations qu’ils souhaitent diriger, ce sont les sorties qui ont encadré, voire même, parsemé ce énième dialogue. Des sorties qui laissent entrevoir le bon échec de ce cirque.
Albert Mabri Toikeuse, chef d’un des partis d’opposition, l’Udpci, présent à la table de discussion, n’a pas hésité à déclarer, lors d’un meeting le samedi 19 février 2022, qu’il fallait élire un fils de l’ouest à l’ouest. Dans un contexte de recherche de réconciliation nationale un tel discours à visée régionaliste ne devrait pas passer. Pourtant, son secrétaire général, Blé Guirao a produit un communiqué, le lendemain, pour répondre au tollé qu’ont suscité les propos de son président. Dans ce communiqué, il a justifié clairement par des exemples précis ce que son parti pense et dont le président a fait écho. « C’est le lieu de rappeler à tous ces donneurs de leçons qui n’ont rien compris à l’intervention profonde du Dr MABRI et qui le présente sous tous les aspects négatifs que de 1990 à nos jours, soit en 32 ans d’existence, les localités de KORHOGO, ODIENNE, BONDIALI et FERKESSEDOUGOU pour ne citer que celles-ci dans le nord du Pays n’ont eu pour Maire que des fils originaires de ces localités », écrit-il.
Toujours du côté de l’opposition, Damana Pickass, le secrétaire général du PPA-CI affichait haut et fort l’envie de son parti de porter à nouveau Laurent Gbagbo au pouvoir. Ambition légitime ; sauf que sur la table de négociation, au chapitre Réforme du code électorale se trouvait bien la question de la limitation d’âge des candidats à la présidentielle à 75 ans. Laurent Gbagbo aura 80 ans en 2025.
Quant au pouvoir, lui n’a pas cherché loin pour noyer sa volonté affichée de dialoguer et d’apaiser le climat politique en Côte d’Ivoire. Son échassier : la justice. Sa tête perchée sur son long cou, elle donne le sentiment de voir tout. Mais, de ses longues pattes, elle piétine tout. Alors que le dialogue politique s’était ouvert le 14 décembre et reporté pour préparation des termes de références (TDR), le Procureur Adou Richard est apparu le 27 décembre 2022 pour livrer le rapport de ses enquêtes sur les événements pré et post élection présidentielle d’octobre 2020. Mettant en cause nommément Pascal Affi N’guessan, Simone Gbagbo, Maurice Kakou Guikahué, Assoa Adou, Toikeusse Mabri, Guillaume Soro ; les désignant comme « auteurs moraux ». Autant que l’ancien président de la République Henri Konan Bédié dont il a dit qu’il est passible de jugement parce qu’il n’était pas protégé par la loi de 2005 sur le statut des anciens président. Une sortie que l’opposition avait qualifiée de tentative de sabotage du processus de dialogue qui venait de s’engager.
Aujourd’hui encore, juste à la fin du dialogue, un autre Procureur, celui de Bouaké affirme avoir découvert des armes à la résidence de Guillaume Soro, l’ex-chef du Perchoir ivoirien à Bouaké.
Finalement, l’on est en droit de s’interroger sur les intentions des uns et des autres. Où tous ces GENS, qui prétendent aimer le peuple plus qu’eux-mêmes vont-ils finalement ?
Franck ETTIEN