Les putschistes maliens pourront-ils compter désormais sur le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de l’ancien homme fort d’Abidjan, Laurent Gbagbo ? Peut-être que oui. Peut-être que non. Un fait, c’est que l’on a aperçu une pancarte bien visible parmi les manifestants mobilisés, le vendredi 14 janvier dernier, en soutien au colonel Assimi Goita et ses hommes. Une pancarte avec un Laurent mal écrit avec un « A », « LaurAnt » au lieu de « LaurEnt ». Un « LaurAnt » qui aurait pu ne pas renvoyer à « LaurEnt » s’il n’y avait pas le sigle PPA-CI et la photo de Laurent Gbagbo sur la pancarte. L’autre fait, c’est que le mardi 11 janvier 2022, le PPA-CI avait pondu un communiqué signé au nom du parti par Justin Katinan Koné, son porte-parole, dans lequel il était fait clairement mention que le PPA-CI se tenait aux côtés du peuple malien. Or, c’est ce peuple qui manifestait quelques jours plus tard.
Certes, le Mali est frappé de plein fouet par des sanctions de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui a retoqué les propositions de la junte relatives à la durée de la transition. Faut-il rappeler que celle-ci souhaite se voir autoriser à rester à la tête du pays pour 5 ans encore, ce qui ferait une durée cumulée de près de 7 ans ? Ce à quoi l’organisation a répondu NIET ! D’où la batterie de sanctions qui va de la suspension du Mali de la CEDEAO à la suspension de toutes transactions commerciales, en passant par le gel des avoirs du pays à la BECEAO, le rappel des ambassadeurs des Etats membres de la Communauté, sans oublier le gel des avoirs des dirigeants de la junte. Trouvant ces mesures ‘’inhumaines’’, la junte a décidé de battre le rappel du ban et de l’arrière-ban de ses soutiens. C’est le sens de la grande mobilisation du vendredi dernier. Le constat qu’induit la présence du « faux drapeau » PPA-CI au Mali pourrait tomber sous le sens : le parti de Gbagbo soutient donc les putschistes !? Ce qui serait totalement incompréhensible. Surtout pour quelqu’un qui s’est toujours présenté comme un démocrate. Mais pas que. D’autant que le panafricanisme dont il se prévaut désormais ne peut faire fi de la légalité, puisque la junte souffre, en l’espèce, d’un déficit criant qu’elle veut masquer sous le vernis d’une supposée légitimité qui tient beaucoup plus du populisme que de la réalité. Il importe subséquemment que Laurent Gbagbo et le PPA-CI se déterminent très clairement par rapport à cette présence non officielle, mais non contestée officiellement, qui pourrait faire désordre et brouiller tout.
Franck ETTIEN