Porte d’entrée de la commune de Koumassi, juste au grand carrefour, sur le boulevard VGE (Valery Giscard D’estaing) se trouve un marché emblématique de téléphone appelé par ses occupants « Black » ou « Djassa ». Spécialisé dans la vente de téléphones portables et d’accessoires électroniques, il était, il y a quelques années un véritable nid d’insalubrité et de banditisme. En janvier 2019, après plusieurs démarches et séances de sensibilisation conduites par celui qui était alors le maire de Koumassi, le ministre Cissé Ibrahim Bacongo, actuel Gouverneur du district d’Abidjan, le Djassa a été détruit ; Marquant la fin d’une ère et la naissance d’une autre avec un nouveau visage du Djassa, plus luxuriant…
Le cœur de métier n’a pas changé malgré…
Vous y trouverez toutes sortes de marques de téléphone et matériels informatique. Des smartphones dernier cri aux téléphones les plus basiques. Demandez seulement ! Sans compter que tous peuvent se réparer, décoder et encoder sur place. Les techniciens, appelés « Djassaman », sortis d’on ne sait quelle école, autodidactes, pour la plupart, quelquefois même analphabètes sont presque capables de tout. Avec surtout des services rapides à des prix abordables. Aristide Béké, un client se souvient : « mon ainé m’avait fait venir un téléphone samsung de l’extérieur. Une mauvaise manipulation de ma petite sœur avait planté l’appareil. Pendant des mois, on avait tout essayé. Mais, rien n’y fit. Sur les conseils d’un ami, je suis venu avec l’appareil au Djassa. En moins de 2, il a retrouvé toutes ses fonctionnalités. Depuis, je respecte et ne quitte plus le Djassa ».
…Mais, il fallait mettre de l’ordre…
La destruction de ce marché en janvier 2019 a été un coup dur pour la communauté de ses occupants et clients. Les autorités locales ont justifié cette décision par la nécessité de moderniser les infrastructures de leur commune et de lutter contre l’insalubrité et l’insécurité qui régnaient dans la zone. Même si, pour de nombreux commerçants, cela signifiait à la fois la perte de leur principale source de subsistance, mais aussi, la fin d’une communauté soudée par des années de commerce et de collaboration. Après beaucoup de pédagogique et quelques bras de fer, le maire Cissé Bacongo était parvenu à ses fins. Le Djassa était mort. 5 années. 5 bonnes et longues années…
…Pour un nouveau départ…
Pendant 5 ans, chacun avait pu se refaire. Techniciens, réparateurs, vendeurs et clients étaient passés à autre chose. Il est certain quand même que ce temps n’a pas pu anéantir l’esprit entrepreneurial des commerçants du Djassa de Koumassi. Puisqu’en mars 2024, à l’inauguration du nouveau marché, plus moderne avec des installations améliorées et des conditions de travail plus sûres, on les a vu réapparaitre comme par enchantement.
Les activités, les mêmes qu’avant la destruction du Djassa ont repris. De plus belle ! Tous les anciens Djassamans sont de retour depuis. « C’est toujours une famille », reconnait Hamed, vendeur de téléphone. Moussa lui, remercie les autorités pour cette vision. « C’était chaud », consent-il. « Nous avons dû, pendant ses 5 années, nous adapter », affirme-t-il.
Le nouveau Djassa de Koumassi, avec ses installations modernes et ses nouvelles opportunités, représente un espoir pour l’avenir. L’espoir que rien n’est perdu dans la vie. Les anciens Djassaman continuent de perpétuer leur savoir-faire tout en s’adaptant aux nouvelles technologies et aux exigences du marché moderne.
ISSIAKA FADIGA, stagiaire