Deux faits cumulés semblent avoir causé la défaite de notre champion. Le premier, c’est l’intrusion du couple FIFA/CAF dans le processus électoral. Certes, les textes de la fédération autorisent cette intervention, mais faut-il rappeler qu’elle s’est faite ostensiblement maladroitement en faveur de Didier Drogba dont la candidature fut retoquée par le système des parrainages catégorisés?
Une occurrence mal vécue par de nombreux acteurs du football local qui y ont vu une intolérable violation de la souveraineté nationale. Une thèse qui a fait florès, par la suite, chaque fois que le gouvernement du football mondial a semblé rouler pour Drogba devenu, par une sorte d’effet boomerang, le candidat de l’extérieur.
Sa popularité et son charisme n’ont pas réussi à inverser la tendance, d’autant que ce n’était pas un vote populaire. On imagine donc que pour le corps électoral réduit à une poignée de personnes (81), la messe était dite pour l’ex capitaine des Éléphants. Et la dernière tentative de la FIFA pour sauver son poulain, à savoir, l’enquête d’intégrité, d’ailleurs perçue comme un baroud d’honneur, n’a guère arrangé les choses pour celui-ci.
Le second et dernier facteur et non le moindre, réside dans la posture de l’ancien buteur de Chelsea qui est apparu aux yeux des présidents de clubs, comme un empêcheur de manger en rond, puisque sa gouvernance aurait été une gestion de rupture en ce qu’elle sonnait déjà comme la fin de la marmaille systémique dont la FIF semble être l’épicentre.
En effet, les présidents de clubs qui ont fait de leurs structures respectives des moyens de subsistance auraient modérément apprécié d’avoir à rendre des comptes. Puisqu’ils perçoivent les subventions allouées aux clubs comme un bien personnel dont ils peuvent disposer ad libitum, sans avoir à justifier quelle que dépense que ce soit. Et le système a toujours fonctionné de cette façon.
Dès lors, Drogba qui parlait de transparence et de gestion moderne était vu comme un intrus. Lien de cause à effet, pour les présidents de clubs il apparaissait comme un corps étranger. Ils l’ont donc éjecté. En dépit des promesses mirobolantes faites par l’enfant de Niaprahio. Mais, ce n’est que partie remise, puisqu’il vient de prendre date avec l’histoire.
Et de même que nul ne peut s’opposer au progrès, de même, les présidents de clubs ne pourront pas indéfiniment ruser avec les paradigmes induits par les nouveaux temps. Au reste, il en va du football comme de tous les autres secteurs d’activités, la modernité finira par imposer son diktat aux dirigeants. Nolens volens …
Ambroise Tiétié