La crédibilité de la CEDEAO se dégrade de jour en jour à cause du manque de fermeté dans la résolution des crises politiques dans la sous-région ouest africaine. Les pays africains ont opté pour la démocratie à l’avènement du multipartisme afin de mettre fin à la résurgence des coups d’Etat postindépendances dont de nombreux Présidents ont été victimes. Il faut noter qu’une accalmie a été constatée grâce à cette prise de conscience de 1990 à 2000 donnant l’espoir d’une alternative démocratique à la quête du pouvoir d’État. Mais hélas ! Les vieux démons refont surfaces et tirent vers le bas la dynamique de la croissance amorcée avec la stabilisation du jeu politique nonobstant les textes de la CEDEAO qui interdisent la prise du pouvoir par la force. En outre, les textes prévoient de prime abord la suspension de toute autorité ou junte militaire parvenue au pouvoir par les armes, de toutes les activités politiques de la CEDEAO d’une part, et d’autre part subira une sanction corrélative jusqu’à un retour définitif à l’ordre constitutionnel.
C’est ce principe qui est appliqué à la junte militaire du Mali suite aux coups d’Etat de Assimi GOÏTA qui, par ailleurs, traine les pas pour un retour de son pays à l’ordre constitutionnel. Le Chef de la junte a un agenda caché dont la couleur et la senteur trahissent son envie de perdurer au pouvoir au grand dam des textes en vigueur. Eh, bien le stratagème est bien trouvé ; celui de l’endoctrinement des masses populaires par des discours populistes exacerbés contre toutes les nations austères à leur barbarie et démagogie du panafricanisme, en l’occurrence la France, la Côte d’Ivoire, le Niger, La Guinée Bissau, le Sénégal et les organisations internationales, sous-régionales notamment L’ONU et la CEDEAO qu’il taxe surtout de forces obscurantistes. Il a par ailleurs congédié la France de son pays pour s’attacher les services de WAGNER une entreprise de sécurité Russe.
En effet, la junte militaire n’a pas fait table rase et semble faire payer d’une manière ou d’une autre l’application des sanctions économiques et financières à lui imposées par la CEDEAO. L’arrestation injuste des 49 soldats ivoiriens est une attestation de sa rancœur contre le Président ivoirien Alassane OUATTARA qui n’a cessé par ailleurs d’œuvrer inlassablement par voie diplomatique à la libération de ses soldats commis au maintien de la paix au Mali. La facilitation de l’ancien Président Nigérian GOODLUCK Jonathan, du Président Togolais, Faure GNASSINGBÉ, du Président Sénégalais et Président en exercice de l’UA Macky SALL n’y fit changer d’avis la junte militaire. Devant le refus catégorique des autorités maliennes, le Président ivoirien annonce la crise diplomatique à la tribune du sommet de la 77ème session de l’Assemblée générale de l’ONU à Washington. Dans la même veine de recherche de solution à cette crise, les Chefs d’Etat de la CEDEAO se sont réunis de nouveau pour statuer sur les cas de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso. La libération sans conditions et sans delais des militaires ivoiriens a été recommandée aux autorités maliennes. À cet égard les Présidents Ghanéen, Togolais et Sénégalais se rendront très prochainement au Mali pour une énième discussion avec le Président de la transition et chef de la junte, Assimi GOÏTA. Des sanctions ont même été annoncées contre la junte militaire Guinéenne si elle ne présente pas un chronogramme claire et précis dans un délai d’un mois pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Contre toute attente, le Premier Ministre par intérim du Mali Abdoulaye MAÏGA lors de son passage à la tribune de la 77ème session de l’Assemblée générale de l’ONU s’est donné à cœur joie dans un discours irrévérencieux, condescendant, prétentieux, honteux, outrecuidant, injurieux contre les autorités françaises, contre le Président ivoirien Alassane OUATTARA , le Président Nigérien Mohamed BAZOUM, le Président Bissau-Guinéen CISSOCO Umaro Embaló et le Secrétaire Général de l’ONU António GUTERRES.
En effet, l’outrecuidance de la junte militaire vis-à-vis de la CEDEAO fut précédemment sanctionnée par un embargo economico-financier dont le résultat escompté semble mitigé. En conséquence, l’embargo semble ne pas suffire par lui-même et à lui seul, à faire plier les fossoyeurs de l’ordre constitutionnel.
Alors, que faire ?
Lorsque l’Etat de droit ne règne plus, la vie des citoyens oscille entre la farce et la tragédie. Comme si le virage historique pris par la junte n’était pas assez tragique, le Premier Ministre intérimaire Abdoulaye MAÏGA de facto, s’est lâché devant les caméras de télévision du monde sur l’autel de la tribune de l’ONU dans des déclarations fracassantes à couper le souffle. Devant cette consternation et l’impasse du dialogue, la CEDEAO doit utiliser tous les moyens pour bouter du pouvoir cette irrévérencieuse soldatesque du pouvoir. Sinon sa crédibilité sera mise à jamais en berne. Cependant pour y parvenir elle doit coordonner une conjonction entre manifestations massives de la population par l’entremise des opposants et des sanctions économiques réelles contraignantes appuyées par la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Asphyxier par tous moyens le système macro et microéconomique du Mali quel qu’en soit le prix, et voire dans le pire des cas une attaque préemptive. Je dis bien préemptive.
Une contribution d’Idriss DAGNOGO