La cherté de la vie se définit comme une inadéquation entre le revenu des consommateurs et le prix des produits de consommation.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cet état de fait, à savoir les raisons exogènes et les raisons endogènes.
Au niveau exogène, nous notons la crise sanitaire de la COVID-19 qui a eu pour conséquence une inflation sur le plan international ; la relance économique mondiale ; la crise en Ukraine avec pour conséquences les chocs pétroliers et gaziers. À ce niveau, il est inutile de rappeler que le secteur énergétique est l’épine dorsale de l’économie mondiale.
Du point de vue endogène, plusieurs raisons factuelles sont à base de la cherté de la vie en Côte d’Ivoire, ces raisons sont d’ordre structurel. Pour notre part, ces raisons sont les principales.
Ce sont :
– La dépendance de notre économie de l’économie internationale. En effet, dès l’accession de la Côte d’Ivoire à son indépendance, le pays a fait l’objet d’une spécialisation primaire de son économie à l’instar de plusieurs États. De plus, face à son incapacité à développer un secteur industriel, la Côte d’Ivoire vit au rythme des cours des matières premières fixé sur l’échiquier international, mais également des produits finis occidentaux qui sont très compétitifs.
– L’inadéquation entre le système politique et les mesures gouvernementales visant à contrôler l’inflation : La Côte d’Ivoire est un pays capitaliste, libéral.
Le libéralisme économique se définit comme une politique dans laquelle il y une liberté d’entreprise et une libre concurrence. Eu égard à cette politique, l’État de Côte d’Ivoire qui en est l’initiateur ne devrait pas plafonner les prix des produits de consommation. Une telle mesure constitue une entorse à la doctrine libérale. De plus, il est inconcevable de demander aux commerçants de pratiquer le même prix sur toute l’étendue du territoire national alors que les coûts de transport entre le port autonome d’Abidjan et les lieux de vente et de distribution ne sont pas les mêmes, dans un contexte gangrené par le racket et la corruption ;
-La présence des cartels dans divers domaines d’activités
Les cartels sont des sociétés et structures indéboulonnables eu égard à leur encrage solide dans l’arène politique et dans grands groupes internationaux depuis des lustres.
Ces cartels sont infiltrés dans tous les secteurs stratégiques de l’économie (agriculture, ports et transport, bâtiment et travaux publics, commerce…).
Ainsi, la présence et la protection de ces entités économiques ne permet pas à l’État de mener des politiques franches, notamment dans le domaine du riz particulièrement et de la production vivrière. En effet, il est inutile de rappeler que la Côte d’Ivoire dispose de toutes les conditions naturelles pour atteindre son autosuffisance alimentaire.
In fine, force est de constater que les politiques publiques visant à réguler l’inflation ou la cherté de la vie sont des mesures substantielles et non pérennes. Pour solutionner cette situation de façon stable, l’État devra prendre des mesures fortes.
KOUADIO KOUAME ALAIN-SERGE
Consultant en développement
Doctorant en géographie
Chroniqueur