Rien ne va plus à quelques semaines de l’élection à la présidence du Conseil national de l’ordre des Médecins de Côte d’Ivoire. Dans une déclaration publiée récemment, un groupe de médecins, réclamant un audit de la gestion du CNOMCI, exige « la reprise totale du processus électoral des conseils régionaux et du Conseil national de l’Ordre des Médecins de Côte d’Ivoire dans le respect de la loi ». Ce groupe de médecins, a appelé à la désobéissance ordinale tant que la loi portant Organisation et Fonctionnement de l’Ordre National des Médecins de Côte d’Ivoire, n’est pas respectée dans son esprit et dans sa lettre; tant que le bilan des cotisations annuelles portant sur la gestion des 18 années du Conseil national actuel, ne sera pas fait.
Le 27 septembre 2021, en effet, le président de la République, Alassane Ouattara, promulguait la loi No 2021-555, portant organisation et fonctionnement de l’Ordre national des Médecins de Côte d’Ivoire. Cette loi, attendue par l’ensemble de la corporation depuis de longues années, était perçue comme la fin des nombreuses contestations qui pourrissaient l’environnement des élections. Malheureusement, après l’organisation des élections des Conseils régionaux de l’Ordre des médecins (CROM) dans les conditions qui ont provoqué quelques mécontentements, il est constaté quelques manœuvres visant à empêcher la bonne tenue de la Convention nationale élective du samedi 20 août 2022 à Abidjan.
Un tract publié, le mardi 38 juin 2022, sur les réseaux sociaux, fait état d’une réunion qui se serait déroulée entre le ministre de la Santé, de l’Hygiène Publique et la Couverture Maladie Universelle ; le président de l’ONMCI, Docteur Aka Kroo Florent; et le groupe des médecins plaignants. Selon ce tract, le Ministre Pierre Dimba aurait ordonné de suspendre le processus électoral au Conseil de l’Ordre des Médecins et les activités y afférentes. Le membre du gouvernement aurait également demandé à ce que chaque groupe présent à cette rencontre, lui fasse parvenir un mémorandum ( l’équipe dirigeante actuelle de l’ONMCI et le collectif des médecins contestataires ).
Selon des estimations, il y a au moins 10 mille médecins en Côte d’Ivoire, dont seulement 10% sont dans le privé et 90% dans le secteur public. Fait étrange: à peine 3000 sont inscrits à l’ordre des médecins, donc à jour de leurs cotisations. C’est dire que la grande majorité travaille dans l’illégalité.
« On veut renouveller les instances pour mettre de l’ordre mais l’État refuse. Il faut éviter de suspendre le processus électoral et d’installer une administration provisoire. Il est temps aujourd’hui, qu’à l’instar des avocats, les médecins soient organisés. Le processus électoral est pratiquement arrivé à son terme. Le fait de le suspendre ou de l’arrêter, créerait plus de maux, plus délétère pour le secteur médical que de bien. Ça remet en cause toutes les élections qui ont eu lieu dans les régions », prévient un médecin. Selon qui, le ministère de la Santé a pris une part active, à travers ses directeurs départementaux et les préfets, au processus électoral depuis le début, et était au fait de toutes les insuffisances.
« Le ministère de la Santé a laissé faire. Il est impératif qu’il garde la main. Prendre une décision de suspension du processus, entraînerait une administration provisoire et une mise sous tutelle du ministère de la justice de l’Ordre des médecins si jusqu’au 25 septembre, il n’y a pas d’élection », s’inquiète-t-il.
Pour un autre médecin, membre du Syndicat National des Médecins privés de Côte d’Ivoire, il faut aller aux élections pour permettre au nouveau Conseil qui sera élu, de mettre de l’ordre dans le secteur médical. « Allons tous aux élections afin de mettre en place toutes les instances de notre institution pour un Ordre des médecins plus fort, innovant, interlocuteur incontournable des pouvoirs publics, très proche des Médecins et à leur service, dans l’intérêt de nos populations », exhorte-t-il.
Serge NDRIN