L’Ivoirien Blaise Compaoré est parti à Ouagadougou le jeudi 7 juillet 2022 et en est revenu tout aussi tranquillement le samedi 9 juillet, à bord de l’avion présidentiel ivoirien.
Depuis le 31 octobre 2014, jour de son renversement de la tête de l’État, c’est la première fois qu’il foulait le sol du pays qu’il a gouverné d’octobre 1987 à octobre 2014.
Et sa rencontre, le 8 juillet, avec le lieutenant-colonel Sandaogo Damiba, chef de la junte, n’a pas manqué de défrayer, et à raison, la chronique. Car elle a consacré, s’il existait, la mort de l’État de droit.
Blaise Compaoré, placé sous mandat d’arrêt international, a été condamné à la prison à vie, en avril 2022, par la justice militaire burkinabé pour atteinte à la sûreté de l’État et en complicité dans l’assassinat, le 15 octobre 1987, du capitaine Thomas Sankara.
Mais, Alassane Ouattara, qui l’a naturalisé précipitamment afin de ne point l’extrader pour tous les services rendus afin de venir à bout de Laurent Gbagbo, a obtenu des autorités militaires burkinabè sa « sécurité physique et morale » durant son bref séjour.
L’Exécutif, bien que s’interdisant de faire l’apologie de l’impunité, a donc choisi de ne point inquiéter Compaoré en piétinant, pour des raisons d’État, des décisions de justice; violant ainsi le principe, tout en pointillé, de la séparation des pouvoirs.
Cruel aveu d’impuissance. Car alors qu’ils ont rompu, le 24 janvier 2022, l’ordre constitutionnel pour rétablir la sécurité gravement hypothéquée du pays, Damiba et les militaires burkinabè sont pris au piège de la menace terroriste et de la grandissante insécurité.
Et ironie du sort, les Compaoré et autre Roch Marc Kaboré, tous renversés parce que considérés hier comme les problèmes, deviennent les solutions que les militaires n’hésitent plus à consulter publiquement. Heureusement que le ridicule ne tue pas.
F.M.Bally