En se fendant d’une déclaration dans laquelle il appelle l’opposition à l’union et au rassemblement, dans l’optique de « bouter » le Rhdp hors du pouvoir en 2025, l’ancien président Laurent Gbagbo en a, sans doute, surpris plus d’un. Lors du meeting qu’il a animé le dimanche 14 juillet 2024 à Bonoua, la ville natale de son ex-épouse Simone Gbagbo.
Et pour cause. De fait, cet appel qui intervient trois ans, jour pour jour, après son retour de « l’enfer » de la CPI, sonne comme un aveu d’impuissance voire d’échec chez cet homme qui se croyait si puissant et incontournable qu’il n’hésita pas à saborder le FPI, le parti qu’il a créé et qui l’a fait, pour tenter une nouvelle aventure avec une nouvelle formation, le PPA-CI. En ce temps-là, il était convaincu d’avoir fait le bon choix, laissant, selon lui, l’enveloppe vide de ce parti aux mains de celui qui en est toujours le président statutaire mais qu’il voulait voir lui laisser le fauteuil tout simplement, parce que c’était lui et parce que c’était Affi. Snobant ainsi toutes les règles qui gouvernent l’exercice du pouvoir à ce niveau. Or, c’est à son retour de La Haye qu’il aurait dû lancer cet appel. Mais que non. Il était plutôt occupé à vouloir reprendre la présidence de son ancien parti. Il apprécia donc modérément le refus poli mais ferme de son ancien Premier ministre et ex-compagnon des temps de braise.
Il apprécia modérément le refus d’Affi
C’est ainsi que naquit, presque par orgueil, le Parti des peuples africains, section Côte d’Ivoire (PPA-CI), le 17 octobre 2021. Soit, cinq (5) mois après son retour de la CPI. Entre-temps, il n’a éprouvé aucun scrupule à se défaire de celle avec qui il formait une sorte de tandem infernal, en l’occurrence, son ex-épouse, ex-égérie du défunt régime de la Refondation, Simone Ehivet Gbagbo. Faut-il rappeler qu’il humilia celle-ci à son retour de La Haye, lui intima l’ordre, par mandataire interposé, à savoir, l’ancien ministre Emmanuel Monet, de ne pas se rendre à l’aéroport FHB, le jour de son arrivée. Une recommandation dont ne tint aucun compte la concernée qui se rendit au lieu-dit le Jour-J. Mal lui en prit, puisque ce jour-là, celui qui était encore son époux ne lui accorda qu’une furtive accolade, avant de lui demander, par une pantomime où perçaient à la fois l’agacement et le mépris, de quitter les lieux. Ce que fit Simone, le regard hagard, comme hébétée par la douleur et le chagrin. Ce fut un moment de pur cynisme qui restera certainement pour longtemps gravé dans la mémoire de ceux qui ont assisté à cette scène surréaliste.
Ceux qui ont assisté à cette scène surréaliste
De toute évidence, ladite scène eut un effet dévastateur sur l’image jusque-là lisse de l’ancien mentor du FPI. Puisque nombre de ses partisans et non des moindres, ulcérés par le traitement infligé à l’ancienne Première dame, en tirèrent toutes les conséquences en prenant leurs distances avec Laurent Gbagbo. Au schisme avec le FPI d’Affi, il fallait donc ajouter l’humiliation subie par Simone. Mais pas que. Parce qu’il y a également l’épisode Blé Goudé ostracisé, diabolisé par le camp Gbagbo dont les têtes de gondole, Katinan Koné et Damana Adia Pickass, nont pas de mots assez durs pour accabler celui qui passait pour l’âme damnée du régime Gbagbo qu’il a soutenu au prix de sa vie. Allant jusqu’à rejoindre son mentor à la CPI.
Il a rejoint son mentor à la CPI
Mais, ça c’était avant. Parce désormais, entre Blé Goudé et Laurent Gbagbo et Co, si ce n’est pas la guerre, ce n’est plus l’accord parfait. Et c’est peu dire. Alors, à qui Laurent Gbagbo s’est-il adressé, le dimanche 14 juillet 2024, depuis Bonoua ? Parce que ceux qui devaient accourir ou qui devaient le rejoindre sont désormais perçus comme des adversaires par son camp. N’aurait-il pas été plus indiqué de sa part de se rabibocher avec tout ce monde avant de lancer un tel appel ? Alors, n’est-ce pas trop peu, trop tard ? La question reste posée.
René Ambroise Tiétié