Martin Bléou le juriste constitutionaliste au cours de la cérémonie de lancement des activités d’une Ong a profité pour donner son avis sur les élections présidentielles en Côte d’Ivoire. Quatre dates ont retenu son attention, celle de 1994, à la succession du Président Felix Houphouët Boigny. 2000, à l’accession à la magistrature de Laurent Gbagbo. 2010, lors de la crise post-électorale et 2020 tout récemment à la réélection d’Alassane Ouattara, après deux mandats, à la tête du pays.
En homme de droit, le professeur Martin Bléou a planté les différentes situations sur la base des faits et des textes qui légifèrent en la matière. Se rapportant également à l’enjeu de la rencontre du jour qui est de favoriser une meilleure citoyenneté des peuples à travers une communication adéquate, le sachant a délibérément écarté l’action citoyenne dans le dénouement de ces différents scrutins.
« J’aimerais pouvoir m’appuyer sur les causes qui caractérisent chaque type d’élections de 1995 à aujourd’hui. Si l’on prend l’élection de 1994 qui a vu la conception de la mise en œuvre du boycott actif, bien entendu décidé par le Fpi et le Rdr, on peut dire que cela repose sur l’absence de confiance en ce qui concerne les règles du jeu. D’abord les règles du jeu ont été déterminés mais pratiquement de façon unilatérale. Ensuite c’était le ministère de l’intérieur qui organisait le scrutin, le ministère de l’intérieur qui est un élément du pouvoir exécutif tenu et détenu par le Président de la République, Chef de l’Etat. Ainsi l’autre camp apparaissait comme joueur et arbitre, candidat et examinateur, juge et partie. Les dés étaient pipés, les élections ne pouvaient en aucune manière être crédibles. Une telle situation ne pouvaient produire que de la violence », a signifié Martin Bléou, sur le premier tableau des élections présidentielles en Côte d’Ivoire.
Sur celui de 2000 voici les raisons avancées par le professeur de droit. « Elimination de la plupart des candidats, décision de justice, de juge qui apparaissait comme le bras du pouvoir politique en place, comme s’étant rangé d’un côté. Il s’agit ici de la chambre constitutionnelle de la cour suprême qui était dirigée par Tia Koné, qui a rendu les décisions que nous savons ». Pour le juriste ce sont autant de causes qui ont conduit au désordre enregistré à cette période.
Quant à 2010, il soutient que le contexte ne s’y prêtait pas. Vu le non désarmement des rebelles qui occupaient une partie du pays, le manque de confiance, les accusations mutuelles de fraudes. « Chaque camp s’était proclamé vainqueur, parce que tout était faussé à la base. Et le citoyen dans ce cadre apparait comme un instrument mis en avant par les hommes politiques ».
Pour l’élection présidentielle de 2020, l’ex ministre de Laurent Gbagbo justifie que le mandat du président actuel est illégal, puisque non conforme aux textes.
« L’élection de 2020 c’est le troisième mandat ou la violation de la légalité constitutionnelle, d’un principe fondamental constaté dans bien d’autres Etats africains, pour lutter contre le pouvoir confisqué, la confiscation du pouvoir, l’appropriation du pouvoir. Le principe a été posé par la Constitution et ce principe n’a pas disparu, il n’a pas disparu, il n’a pas cessé d’exister, ça veut dire qu’on ne veut pas avoir plus de deux mandats. Or bien entendu, l’autre briguait son troisième mandat, en violation de ce principe fondamental, cardinal qui en dépit de la survenance de la troisième République et par conséquent d’une nouvelle constitution n’avait pas cessé d’exister, ce principe devait continuer de s’appliquer », a déploré Martin Bléou.
Ludo A